Les recherches reprennent mercredi sur le site de l’accident d’un Airbus A320 de la compagnie aérienne low cost Germanwings hier dans les Alpes, lors d’un vol entre Barcelone et Düsseldorf avec 144 passagers et six membres d’équipages. La liste des 150 victimes n’a toujours pas été publiée, et les experts s’interrogent sur la régularité de la descente de l’avion comme sur le silence de l’équipage. Des dizaines de gendarmes ont passé la nuit du 24 mars 2015 dans le massif des Trois Evêchés près de Prads-Haute-Bléone (Alpes de Haute-Provence), afin de sécuriser le site de l’accident et préparer la suite des opérations. L’A320 de la filiale de Lufthansa a été pulvérisé à l’impact sur le flanc de la montagne ; des milliers de débris, le plus gros « de la taille d’une petite voiture », sont éparpillés sur plusieurs hectares dans la zone escarpée et difficile d’accès, à 2000 mètres d’altitude. Selon un enquêteur, « les plus grands morceaux de corps repérés ne sont pas plus grand qu’une valisette ». Le plan de sauvetage aéro-terrestre SATER a été mis en place, un plan d'urgence prévu en cas d'accident d'avion visant à « localiser des aéronefs en détresse, disparus ou accidentés dans les délais les plus courts afin d’apporter assistance à ses occupants ». 300 sapeurs-pompiers, 300 gendarmes et surtout quinze hélicoptères de la Gendarmerie, de l’armée et de la Sécurité Civile ont été déployés hier, l’hélitreuillage étant le moyen le plus rapide d’accéder au site – dont le survol est désormais interdit. Sept enquêteurs du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) accompagnés de conseillers techniques d'Airbus et de CFM International se sont rendus sur place, l’Allemagne ayant envoyé trois experts de la BFU (Bundesstelle für Flugunfalluntersuchung), homologue du BEA. Six médecins légistes et trois anthropologues sont attendus ce mercredi, tout comme le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre espagnol Mariano Rajoy. Germanwings a annoncé l’annulation d’une trentaine de vols hier à la demande des équipages choqués par l’accident, une décision « comprise » par la direction. La liste des passagers n’était en revanche toujours pas disponible hier soir, toutes les familles des victimes n’ayant apparemment pas pu être contactées. La compagnie affirmait hier que 67 Allemands se trouvaient à bord, dont deux bébés, 16 collégiens et 2 professeurs d’un lycée de Halpert. Les passagers suivants auraient déjà été identifiés : 47 Espagnols, deux Argentins, deux Australiens, deux Colombiens, un Belge, un Hollandais, un Américain, un Mexicain, un Marocain. Londres a mentionné la présence « probable » d’un Britannique, Tokyo a annoncé cette nuit que deux des victimes étaient « probablement des Japonais », mais la Turquie n’a pas confirmé la présence de ses ressortissants à bord. L’hébergement des familles qui voudraient se rendre sur place est en train d’être organisé, une chapelle ardente ayant été mis en place dans un gymnase à Seyne-les-Alpes. Une équipe de football suédoise de 3eme division, le Dalkurd FF de Borlänge, a en revanche échappé au drame en changeant de vol à la dernière minute en raison d’une correspondance trop longue à Düsseldorf. air-journal_Germanwings A320 D-AIPX crash 4U9525@Sebastien MortierL’enquête sur l’accident ne fait que commencer, une des deux boîtes noires ayant été récupérée hier sans que l’on sache officiellement s’il s’agit de l’enregistreur des conversations du cockpit (CVR) ou celui des données de vol (FDR) – ni si son état en permet l’exploitation, le BEA appelant à la prudence « sur des conclusions hâtives ». Les conditions météo étaient calmes au moment du crash, avec un temps sec et un ciel totalement dégagé durant toute la matinée, et un vent faible voire nul. « A ce stade nous considérons qu'il s'agit d'un accident et toute autre chose relèverait de la spéculation », a déclaré hier Heike Birlenbach, une vice-présidente de la compagnie. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a précisé que « l'équipage n'a pas émis de mayday ; c'est le contrôle aérien qui a décidé de déclarer l'avion en détresse, car il n'avait plus aucun contact avec l'équipage et l'avion ». Rappelons que la priorité des pilotes en cas de problème est de continuer à voler, puis de s’occuper de la navigation – et seulement ensuite de contacter le contrôle aérien. Mais si l’on croit les données radars fournies par des sites privés, la descente de l’Airbus s’est faite plus vite que la normale sans pour autant que cela ressemble à une chute incontrôlée : l’A320 est en effet passé en huit minutes de 11 300 mètres d'altitude à 2 700 mètres d'altitude. Et plusieurs experts ont souligné que la trajectoire de l’avion n’avait pas varié, ce qui semblerait indiquer que l’équipage n’a pas cherché à - ou pu - rejoindre l’aéroport le plus proche. La possibilité d’un vol plané après une panne des moteurs a aussi été évoquée. L’A320 du vol 4U9525, MSN147 immatriculé D-AIPX, avait été livré à Lufthansa neuf en 1991, et transféré à Germanwings en 2015 ; équipé de réacteurs CFM 56-5A1, il avait selon Airbus accumulé 58.300 heures de vol en environ 46.700 vols. Thomas Winkelmann de Lufthansa a précisé hier qu’une « visite régulière de type C, soit une grande révision, avait eu lieu comme prévu dans les livrets d'Airbus à l'été 2013 ». Et un dernier contrôle de routine avait eu lieu lundi à Düsseldorf. Le retard de 26 minutes au décollage de Barcelone était apparemment dû au trafic à l’aéroport, et non à un problème technique. La low cost n'avait connu « aucune perte totale d'avion » avant l’accident de mardi ; elle opère une flotte de 83 avions, dont 43 A319, 19 A320 et 21 Bombardier CRJ900. Germanwings a retiré le numéro de vol 4U9524/4U9525 de son système : la rotation Düsseldorf – Barcelone se fait désormais sous code 4U9440/9441. https://www.youtube.com/watch?v=fw2SfxfP-UQ air-journal_crash Germanwings 4U9525 zone@Gendarmerie Nationale