Alors que le BEA est resté vague sur les informations récupérées de la première boîte noire de l’Airbus A320, le New York Times affirme que l’un des pilotes était bloqué hors du cockpit pendant les dernières minutes du vol 4U9525 de la compagnie aérienne low cost Germanwings, qui s’est écrasé mardi dans les Alpes. Les 150 morts étaient originaires de 18 pays différents. Le quotidien américain cite un « officiel miliaire impliqué dans l'enquête » pour décrire les bruits qui auraient été entendus par l’enregistreur des voix du cockpit (CVR), la première boîte noire récupérée - très abimée - après le crash de la low cost allemande le 24 mars 2015 entre Barcelone et Düsseldorf. Un des pilotes (on ne sait pas lequel) serait sorti du cockpit sans que l’on sache pourquoi ni exactement quand, puis aurait tenté d’y retourner : l’homme dehors « cogne doucement sur la porte et il n'y a pas de réponse. Ensuite, il commence à frapper la porte plus fort et il n'y a pas de réponse. Il n'y a jamais de réponse », écrit le New York Times, ajoutant que l’on peu ensuite entendre clairement le pilote essayer de « défoncer la porte » du cockpit. L’officiel souligne qu’il est « certain que vers la fin du vol, l'autre pilote est seul et il n'ouvre pas la porte ». Interrogé par le journal, le BEA n’a pas fait de commentaire. Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses avait tenu une conférence de presse plus tôt dans la journée, confirmant avoir réussir à extraire une bande sonore du CVR qui avait enregistré l’ambiance, les voix des pilotes, les bruits des moteurs et aussi les alarmes éventuelles. Et avait expliqué qu’il « est beaucoup trop tôt pour en tirer la moindre conclusion sur ce qu'il s'est passé », refusant de donner des détails avant des analyses plus complètes. Une certitude cependant selon le directeur du BEA Rémi Jouty : « l’avion a volé jusqu'au bout » avant de percuter la montagne, la concentration des débris n'étant « pas du tout caractéristique d'un avion qui a explosé en vol ». Le scénario d'une dépressurisation qui aurait fait perdre conscience à l'équipage n'est pas privilégié. Les recherches se poursuivent sur le lieu de l'accident pour retrouver l’enregistreur des données de vol (FDR) – dont « l’enveloppe » aurait été retrouvée hier selon le président François Hollande. Germanwings a annoncé hier que 18 nationalités étaient représentées parmi les 150 victimes du crash du vol 4U9525, son président Thomas Winkelmann, dont 72 Allemands et 51 Espagnols, et des ressortissants des Etats-Unis, de Grande Bretagne, des Pays-Bas, de Colombie, du Mexique, du Japon, du Danemark, de Belgique, d’Israël, d’Australie, d’Argentine, d’Iran et du Venezuela. Cette liste comporte les victimes déjà identifiées ; la nationalité des derniers passagers sera fournie plus tard – apparemment pour des problèmes de double nationalité. Ce sont les états qui ont jusque là « détaillé » leurs morts : trois pour les Etats-Unis, « au moins trois » Britanniques, trois Kazakhs, deux Marocains, deux Argentins, deux Australiens, deux Colombiens, deux Vénézuéliens, deux Mexicains, deux Iraniens, un Belge, un Hollandais, un Danois, un Israélien et une Chilienne (vivant au Venezuela). La présence à bord de deux Japonais n’a toujours pas été officiellement confirmée. Le FBI étudierait la liste pour tenter d’y déceler d’éventuels terroristes. air-journal_crash Germanwings 4U9525 recherches2Après une rencontre « très émouvante » avec les familles des victimes, le président de Lufthansa Carsten Spohr a annoncé l'affrètement de deux vols vers Marseille ce matin, l'un partant de Barcelone et l'autre de Düsseldorf, pour que les proches puissent se rendre près du site de l'accident. « Toute l'entreprise et ses 20.000 employés dans le monde, nous restons en état de choc », a-t’il ajouté. Deux cars sont arrivés d’Espagne dans la nuit, plusieurs centaines de personnes étant attendues dans les deux chapelles ardentes dressées à Seyne-les-Alpes et Le Vernet. Un centre d’accueil des familles est organisé à l’aéroport de Marseille. Les premiers restes de corps ont été hélitreuillés hier par les équipes de secours, qui comprennent plus de 300 gendarmes, 280 policiers, une centaine de sapeurs-pompiers, 70 chasseurs venus de Gap, ainsi qu'une dizaine de médecins-légistes. Les recherches doivent reprendre ce matin. L’identification devrait prendre « des jours voire des semaines », a déclaré le procureur de Marseille Brice Robin, en charge de l’enquête judiciaire. Outre le BEA et son équivalent allemand BFU, l’enquête technique implique aussi du personnel d’Airbus, des pilotes experts en sécurité de Lufthansa et Germanwings, un ingénieur de Lufthansa Technik et un expert radio de Lufthansa Systems. L’impact émotionnel du crash sur les équipages de Germanwings continue à ses faire sentir : si un seul vol était annulé hier et une quarantaine opérés, la low cost a affrété onze avions au total, en majorité auprès de Lufthansa mais aussi d’Air Berlin et de TUIfly. air-journal_crash Germanwings 4U9525 debris site