Alors que la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) vient de demander aux compagnies aériennes françaises de mettre en œuvre les dernières recommandations de l’AESA préconisant deux personnes  autorisées en permanence dans le cockpit, le Syndicat national des pilotes de ligne SNPL France Alpa s’inquiète de cette décision « pas suffisamment évaluée » et prise « dans la précipitation ».

Conséquence du crash du vol 4U9525 de Germanwings  mardi dernier dans les Alpes de Haute-Provence, l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a recommandé le 27 mars dernier aux compagnies aériennes de revoir leurs procédures de sécurité à l’intérieur du cockpit. Si des compagnies ont déjà adopté à l’image d’easyJet, Icelandair , Air Malta, ou encore le groupe Lufthansa, la mesure préconisant  la présence permanente de deux personnes autorisées dans le poste de pilotage inquiète le  SNPL France Alpa. « Si le SNPL France ALPA partage l’impérieuse nécessité de tirer les enseignements de tout accident afin de trouver les voies d’amélioration de la sécurité aérienne, il exprime toutes ses réserves sur la pertinence d’une recommandation prématurée qui pose nombre de questions et qui induit de nouvelles menaces », explique  Eric Derivry, président du SNPL.

Le syndicat de pilotes considère en effet que cette recommandation a été décidée « dans la précipitation, sans attendre un diagnostic suffisamment complet de l’accident et sans mesure d’impact ». Selon le SNPL, les circonstances de la catastrophe aérienne du mardi 24 mars connaissent encore des zones d’ombre et les causes de l’accident ne sont pas formellement confirmées. « Les enquêtes techniques et judiciaires ne font que commencer, explique le communiqué du 28 mars. La mesure recommandée n’a pas été suffisamment évaluée, tant sur le plan opérationnel que sur les menaces et les risques induits, comme le reconnait d'ailleurs explicitement l'EASA dans son communiqué ».

Rappelons qu’Alain Vidalies s’est félicité de son côté de la « décision prise par Air France et KLM de mettre en œuvre la recommandation de l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne, visant à assurer la présence d'au moins deux personnes autorisées dans le cockpit ». En Europe, d’autres compagnies telles que Iberia, Ryanair ou Finnair, appliquaient déjà la règle du deux personnes autorisées en permanence dans le cockpit avant le crash de Germanwings.

Rappelons aussi que le SNPL a porté plainte contre X pour violation du secret professionnel, après des fuites révélées par le New York Times, provenant du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) qui mêne l’enquête sur le crash du vol 4U9525. Le SNPL a aussi réclamé "une réforme du mode de fonctionnement du BEA".