Nouvelle révélation dans le crash de Germanwings. Elle émane cette fois de l'édition du samedi 4 avril du Wall Street Journal : l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), avait relevé, plusieurs mois avant le crash de Germanwings le 24 mars dernier, des cas de « non-conformité » aux « règlements européens en matière de sécurité aérienne, en particulier dans le domaine du suivi médical ».

« Les officiels de l'Union européenne ont estimé que le régulateur allemand chargé de la sécurité aérienne souffrait de pénuries chroniques de personnel pouvant nuire à sa capacité de contrôle des appareils et des équipages, y compris au niveau médical », dévoile le journal américain. L’AESA qui même des inspections plusieurs fois par an, confirme via Dominique Fouda, son porte-parole, que l’Agence dans un communiqué samedi, a bien constaté « plusieurs cas de non-conformité dans l'application par l'Allemagne des règlements européens en matière de sécurité aérienne, en particulier dans le domaine du suivi médical. C'est sur les recommandations de l'AESA que la Commission européenne a engagé fin 2014 une procédure visant à demander des comptes à l’Allemagne. »

« Les réponses de l'Allemagne sont actuellement en cours d'évaluation, a répondu l’AESA. Cela fait partie d'un système continu de supervision : des éléments relevés sont suivis d'actions correctives, comme dans un processus d'audit. »

Séparément à ces ultimes révélations, l’autorité aérienne de l’aviation en Allemagne, la Luftfahrtbundesamt (LBA), a affirmé ne pas avoir eu connaissance des antécédents médicaux dépressifs du co-pilote Andreas Lubitz, qui a précipité l’avion contre le flanc d’une montagne des Alpes de Haute-Provence, faisant 150 morts. Rappelons que Lufthansa avait bien révélé il y a quelques jours avoir eu connaissance d’une dépression traversée par Andreas Lubitz alors qu’il se perfectionnait dans son centre formation en Arizona en 2009, soulevant plusieurs questions dont celle de savoir si les contrôles médicaux des membres d'équipage par les régulateurs et les compagnies aériennes étaient suffisamment rigoureux.

Andreas Lubitz

Concernant Andreas Lubitz, rappelons que les investigations sur l’ordinateur personnel du co-pilote suicidaire de la Germanwings, ont révélé qu’il avait effectué des recherches sur les manières de se suicider ainsi que sur les portes (blindées) à l’intérieur des cockpits et les consignes de sécurité qui lui sont liées. Le journal allemand Bild y ajoute dans son édition de dimanche 5 avril, de nouvelles informations. Le pseudo d’Andreas Lubitz pour se connecter à l’ordinateur était « skydevil » (démon du ciel). En outre, il avait récemment effectué des recherches sur Internet avec les mots clés suivants : « bipolarité », « maniaco-dépression » ainsi que sur « migraines », « troubles de la vision» et «traumatisme acoustique ». Bild avait révélé il y a quelques jours, qu'Andreas Lubitz aurait eu un accident de voiture fin 2014, ce qui l'aurait amené à consulter pour traumatisme et des problèmes de vision.

Deux vols déroutés en deux jours par Germanwings

Ces révélations interviennent alors que Germanwings vient de dérouter deux vols en deux jours pour raisons technique et médicale. Tout d’abord, un vol en Airbus A319 avec 123 passagers à bord et 5 membres d’équipage à bord, entre  Cologne et Venise, a été dérouté samedi 4 avril sur Stuttgart en raison d’une « perte d’huile », indique la compagnie allemande. « Il ne s'agissait pas d'un atterrissage d'urgence, les passagers ont quitté l'appareil normalement », souligne aussi la compagnie, dont les moindres incidents, sont désormais scrutés par les médias. La veille, c’était un vol Hanovre vers Rome qui a été dérouté vers Venise après les malaises d’un passager et d’un membre d’équipage.