Airbus a souligné l’énorme potentiel de son A380 en Inde lors de la visite du premier ministre indien Narendra Modhi à la FAL de Toulouse samedi, sans pour autant gagner d’engagement. L’avionneur a d’autre part accentué son action en justice au Japon, réclamant 700 millions de dollars à la low cost Skymark Airlines qui est toujours sous protection contre les créanciers. Rappelant dans un communiqué du 11 avril 2015 que l’Inde est desservie par quatre vols quotidiens en A380 par les compagnies aériennes Emirates Airlines et Singapore Airlines, (plus ceux de Lufthansa de façon saisonnière) l’avionneur européen souligne qu’avec « des marchés beaucoup plus importants restants à exploiter, le potentiel de l’A380 pour aider les transporteurs indiens à gagner une plus grande part du marché international avec cet avion emblématique est énorme ». L’A380 n’a aucune commande en Inde, la compagnie nationale Air India étant pour l’instant restée fidèle à Boeing pour le long-courrier (747-400, 777-200LR et -300ER, 787-8 Dreamliner en service et 787-9 en commande) ; Jet Airways dispose d’A330 et de 777-300ER, mais ne vise pas plus gros ; quant à Kingfisher Airlines, qui avait acheté cinq superjumbos, elle a cessé ses opérations il y a trois ans, et sa commande a été annulée en 2014. Airbus Group, qui revendique 70% de parts de marchés en Inde en particulier grâce aux monocouloirs choisis par les low cost, y possède deux centres d’ingénierie et un de recherche et développement. Il s’est engagé auprès du dirigeant indien à y renforcer sa présence, y compris sur les marchés militaires et hélicoptères – deux marchés pour lesquels il se dit prêt à installer des chaînes d'assemblage et mettre en place un réseau de fournisseurs. Au Japon, Airbus a accentué la pression sur Skymark Airkines : après avoir lancé des procédures judiciaires en décembre dernier, suite à l’annulation de la commande de six A380 pour défaut de paiement, l’avionneur européen a formellement demandé à un tribunal de Tokyo des réparations d’un montant de 700 millions de dollars. La low cost, en faillite depuis janvier, totaliserait désormais des dettes de 2,36 milliards de dollars ; son processus de restructuration doit démarrer au mois de juin. Avec entre autres l’annulation des contrats de leasing de dix A330-300, déjà retirés du service (elle n’opère plus que 27 737-800). Le président de Skymark Airlines Masakazu Arimori expliquait la semaine dernière que ce processus inclura un changement de marque et d’image, même si le nom Sky devrait encore être utilisé sous une forme ou une autre. Ces « échecs » de l’A380 ne découragent pas Fabrice Brégier, PDG d’Airbus Avions Commerciaux, qui reconnait dans un entretien avec Les Echos que le programme a sans doute été lancé « dix ans trop tôt ». « A nous de faire ce qu'il faut pour redynamiser le marché », affirme-t-il, « nous avons déjà des solutions pour le rendre plus attractif économiquement, en augmentant le nombre de sièges tout en conservant le niveau de confort incomparable de cet avion. À plus long terme se posera la question de l'amélioration des performances de l'A380, en jouant sur l'aérodynamisme et la motorisation. Mais nous ne le ferons que lorsque les conditions d'un bon « business plan » seront réunies », explique-t-il, l’objectif prioritaire étant que le programme A380 reste à l’équilibre.