L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a lancé la version prototype de son répertoire d’information sur les risques encourus en zones de conflit, donnant directement suite aux recommandations formulées par les États membres. La Grande-Bretagne a publié une NOTAM concernant le survol de l’Egypte, l’Irak, la Libye et le Soudan du Sud. Le nouveau répertoire de l’OACI est accessible via la page d’accueil du site Web public de l’organisation, non seulement aux représentants des États et des compagnies aériennes mais aussi au grand public. Grâce aux éléments qui y seront enregistrés, il permettra d’accéder à des informations actualisées sur les risques éventuels encourus par l’aviation civile en cas de conflit armé. « Ce répertoire centralisé vise à renforcer le cadre mondial existant selon lequel il incombe à chaque État d’évaluer les risques encourus par l’aviation civile dans son espace aérien, et de les porter rapidement à la connaissance des autres États et des compagnies aériennes », a souligné le Président du Conseil de l’OACI Olumuyiwa Benard Aliu. « Le répertoire ne modifie pas ces responsabilités essentielles des États, mais il répond dans une large mesure au solide consensus international que nous avons constaté sur l’idée selon laquelle la sécurité de notre réseau mondial bénéficierait d’un meilleur partage d’informations sur les risques en zones de conflit ». Seuls les représentants autorisés auront le droit de soumettre des informations sur les risques, selon les modalités convenues à cet effet par le Conseil de l’OACI. Dans tous les cas, le nom de l’État publiant les informations dans le répertoire sera clairement indiqué, et les États mentionnés dans ces publications auront également la possibilité d’examiner et d’approuver les informations les concernant avant qu’elles soient mises à la disposition du public. Ce répertoire en ligne sur les zones de conflit était l’une des plus importantes propositions de la stratégie globale d’atténuation des risques proposée en 2014 par l’équipe spéciale de l’OACI sur les zones de conflit. L’équipe spéciale a en outre recommandé d’instaurer un cadre juridique approprié afin de garantir que la responsabilité de l’OACI ne soit pas engagée en raison des informations soumises par les États. Le vol MH17 de la compagnie aérienne Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l’Ukraine, avait déclenché une vague de critiques contre l’organisation, accusée de ne pas avoir été proactive sur le sujet. Le Royaume Uni a déjà publié sa propre NOTAM (notice to airmen) concernant le survol de l’Egypte, en particulier le Sinaï: il parle d’un « risque potentiel pour l’aviation à moins de 25 000 pieds en raison d’armements anti-aériens », jusqu’au 12 juin. Londres « recommande fermement d’éviter le survol de l’Irak ou l’entrée dans son espace aérien en raison de la présence d’armes anti-aériennes », et l’avertissement est le même pour la Libye ou le Soudan du Sud. Ces avis ont été contestés par les pays en question, qui se voient privés ainsi de redevances de survol payées par les compagnies aériennes. Et ces dernières risquent de perdre pas mal d’argent en carburant, pour cause de détours calculés afin d’éviter ces zones à risques ; certaines auraient décidé d’attendre l’avis officiel de l’AESA avant de modifier leur plan de vol.