Des proches et membres des familles des 116 victimes du crash d’un avion affrété par la compagnie aérienne Air Algérie le 24 juillet 2014 entre Ouagadougou et Alger se rendent ce mardi sur le site de l’accident, où sont éparpillés des milliers de débris. Presque six mois après une tentative annulée pour cause de problèmes de sécurité, environ 130 proches sont attendus ce 21 avril 2015 dans la région de Gossi au Mali, où le McDonnell-Douglas MD83 opéré par Swiftair pour le compte de la compagnie nationale algérienne s’est écrasé, tuant les 116 personnes à bord dont 54 Français et six membres d’équipage. Sandrine Tricot, présidente de l'association AH5017, expliquait hier sur France 3 l’importance de ce déplacement pour les familles : « Nous n'avons pas eu de corps, nous n'avons pas non plus visualisé les lieux de l'accident, donc entamer un processus de deuil dans ces conditions est extrêmement difficile ». Une cérémonie œcuménique sera organisée sur place, et une stèle en l’honneur des victimes sera dévoilée. Le voyage entre le Burkina Faso, où les familles sont attendues, et le site du crash se fera par avion militaire français. Des représentants de ces familles ont été reçus hier par le président français François Hollande, Mme Tricot soulignant qu’il était « vraiment important pour nous que l'Etat français ait fait ce travail-là, que la compagnie Air Algérie ne fait pas pour l'instant ». Outre les 54 Français, l’accident a entrainé la mort de 23 Burkinabés ainsi que des ressortissants d’Algérie, du Liban, du Canada, du Luxembourg, d’Espagne et d’Allemagne. Le rapport définitif du BEA sur l’accident du vol AH5017 est attendu en décembre, les premières conclusions laissant croire à une erreur humaine : les dispositifs antigivre n’auraient pas été enclenchés, causant « vraisemblablement le givrage des capteurs de pression situés sur le cône de nez des moteurs » (des incidents similaires ont eu lieu au moins à deux reprises sur des MD83). Rappelons le déroulement du vol détaillé par le BEA : le MD83 espagnol « décolle de Ouagadougou à 1h15, puis il monte et atteint le niveau de vol 310 à 1h37. Au niveau de vol 310, l’avion s’établit en croisière à une vitesse d’environ 280kts. Environ deux minutes après le début de la croisière, tout en restant au niveau 310, la vitesse diminue progressivement. L’avion se met progressivement à descendre et la vitesse continue de diminuer jusqu’à 160kts environ. Puis l’avion part en virage à gauche et perd rapidement de l’altitude, avec des changements d’inclinaison et d’assiette très importants. La rotation vers la gauche continue jusqu’à la fin de l’enregistrement. Le dernier point enregistré, à 1h47mn15s correspond à une altitude de 1600ft, une vitesse de 380kt environ et une vitesse de descente extrêmement importante ». Le BEA soulignait aussi qu’il n’y avait « pas eu de manœuvre de récupération du décrochage » après le ralentissement de l’avion ; des analyses fondées uniquement sur le FDR (enregistreur des données de vol), les enquêteurs n’ayant pu déchiffrer les enregistrements du CVR (conversations du cockpit). Deux procédures judiciaires sont lancées en France, dont une pour « homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement ». Les indemnisations sont en cours.