La compagnie aérienne Air Berlin a suivi l’exemple de British Airways, Iberia et Vueling en quittant l’AEA (Association of European Airlines), pour protester contre la gestion par le lobby européen du « conflit » avec les transporteurs du Golfe persique. Et Alitalia « réfléchit » à sa position. La compagnie privée allemande, dont Etihad Airways est actionnaire, ne voit « aucun avenir dans une politique aérienne protectionniste en Europe », a déclaré son CEO Stefan Pichler le 22 avril 2015, ajoutant que l’AEA « tolère le leadership des compagnies aériennes qui essayent désespérément d’ériger un mur autour de l’Europe ». Tout comme dans le cas d’IAG, l’allusion vise Air France-KLM et Lufthansa, qui avaient – ensemble - demandé dès l’année dernière à la Commission Européenne de mettre en place des « règles du jeu équitables » face à la montée en puissance des Emirates Airlines, Etihad Airways justement ou autres Qatar Airways accusées de bénéficier de subventions publiques « déloyales ». Le dirigeant d’Air Berlin parle d’un désaccord de plus en plus important entre les compagnies européennes sur le sujet : « au contraire, la libéralisation des accords bilatéraux va favoriser de nouvelles consolidations et de nouveaux modèles d’affaires » qui bénéficieront à tous les passagers, explique-t-il, accusant l’AEA de « ne plus représenter ces idéaux avec son actuelle représentation des intérêts » des compagnies du vieux contient. Alitalia, elle aussi en partie aux mains d’Etihad Airways, dit de son côté « réfléchir » aux avantages et inconvénients d’un départ du groupe de l’AEA – une décision étant annoncée pour dans quelques jours. Selon son directeur Silvano Cassano, les compagnies du Golfe « favorisent une approche plus libérale et une plus forte concurrence », ce qui est « bon pour le marché » ; et il rappelle qu’elles « investissent beaucoup » dans l’économie européenne, en particulier via leurs commandes d’avions chez Airbus. L’AEA s’est défendue hier de toute promotion du protectionnisme dans toutes les campagnes qu’elle a lancée sur « la libéralisation, les relations extérieures, ou la détention et le contrôle » des transporteurs européens. L’Association, qui représentait jusqu’à la crise actuelle 29 groupes aériens employant 365 000 salariés et transportant 415 millions de passagers par an, rappelle qu’elle influence l'industrie du transport aérien européen depuis plus de 60 ans. Au fil des ans, elle a « développé une solide réputation et est devenue un partenaire incontournable dans les relations avec d'autres intervenants de l'industrie, des fonctionnaires européens, les fonctionnaires nationaux, les médias européens et nationaux, ainsi que d'autres organisations internationales et des associations liées au transport aérien ».