La grève des pilotes de la compagnie aérienne TAP Portugal débute aujourd’hui, après l’échec des négociations de dernière minute. Au minimum 10% des vols seront assurés au nom du service minimum pendant les dix jours d’arrêt de travail prévus, la réalisation des autres vols dépendant de l’adhésion des pilotes à la grève ; en attendant, le site de l’aéroport de Lisbonne affiche ce matin au vert la quasi-totalité des décollages prévus vendredi. « Pensez à votre compagnie, au tourisme, au pays », a imploré hier le vice-premier ministre portugais, « ne menez pas une grève de dix jours qui viderait les coffres de n’importe quelle société ». Peine perdue : alors que TAP Portugal assure en moyenne 296 décollages quotidiens, seulement 27 vols sont garantis ce 1er mai 2015 à l’aéroport de Lisbonne-Portela, et 29 samedi – dans les deux cas vers et depuis les Açores, Funchal et quelques destinations internationales dont Paris-Orly, Bruxelles, Luxembourg, Rio de Janeiro, Sao Paulo ou Luanda. La compagnie publie une autre liste de plus de 30 vols « très probablement annulés », et prévient les passagers de « probables difficultés liées à l’accueil en comptoir à l’aéroport, de même qu’auprès de nos services téléphoniques. Toutefois, les employés présents feront leur possible pour résoudre les problèmes liés à cette situation ; nos services ont fait tout leur possible pour trouver des solutions adaptées à la situation et minimiser les conséquences de la grève ». La presse portugaise évoque dans le pire des cas un conflit devant affecter jusqu’à 300 000 passagers et coûter 70 millions d’euros à la compagnie de Star Alliance en voie de privatisation. Le Syndicat des Pilotes de l’Aviation Civile portugais avait annoncé le 15 avril que « plus des deux tiers des pilotes » avaient voté en faveur de cette grève, l’Etat étant accusé de ne pas avoir restitué les primes d’ancienneté (supprimées en 2011) et d’ignorer un accord d’entreprise leur attribuant entre 10 et 20% du capital en cas de privatisation. Le gouvernement « veut exclure les pilotes du processus de privatisation, et préfère brader la compagnie aérienne porte-drapeau à des intérêts privés étrangers », affirme le syndicat. Rappelons que la précédente grève des pilotes, prévue fin décembre 2014, avait été de fait annulée par l’utilisation d’une loi de « réquisition civile ». La privatisation de TAP Portugal a été exigée par l’Union européenne et le FMI en échange du plan de sauvetage de l’économie du pays de 78 milliards d’euros, lancé en 2011. Le gouvernement mettra en vente 66% du groupe TAP (qui comprend également une filiale d'entretien aéronautique TAP M&E Brazil, largement déficitaire, la compagnie régionale Portugalia et 43,9% du bagagiste Groundforce), 5% du capital étant réservé aux employés, tandis qu’il gardera le contrôle des 34% restant. Le nom du ou des repreneurs devrait être connu fin juin. Globalia, propriétaire entre autres d’Air Europa, a jeté l’éponge en raison de l’endettement trop important de TAP (environ 1 milliard d’euros), tout comme selon la rumeur le Groupe Synergy de German Efromovitch (Avianca-TACA entre autres) ou le groupe LATAM ; resteraient en course la low cost brésilienne Azul de David Neeleman (fondateur de JetBlue Airways), et l’homme d’affaires portugais Miguel Pais do Amaral allié à l’ancien propriétaire de Continental Airlines.