La justice de Corée du Sud a remis en liberté l’héritière de la compagnie aérienne Korean Air, condamnée à un an de prison pour avoir fait un scandale peu avant le décollage à propos de noix de macadamia mal servies. Un peu de bon sens a refait surface dans le pays du matin calme, après l’hystérie populiste de décembre dernier : la cour d’appel vient de lui signifier une relaxe partielle, la condamnant à 10 mois avec sursis le 22 mai 2015, après avoir estimé la peine initiale trop sévère et tenu compte du manque d’antécédents judiciaires de Cho Hyun-ah. Rappelons que le 5 décembre dernier, un avion de Korean Air avec 250 passagers à bord se préparait à décoller de l’aéroport de Seoul-Incheon à destination de New York-JFK. L’héritière de 40 ans avait ordonné le débarquement immédiat du chef de cabine : voyageant en Première classe, elle s’était offusquée de s’être vue servir des noix de macadamia qu’elle n’avait pas demandées, de surcroît présentées non dans un bol mais dans leur sachet. Selon des témoins, elle avait alors obligé le chef de cabine à s’agenouiller pour faire ses excuses avant de le faire débarquer ; il l’accusait en outre de l’avoir frappé avec un manuel. Emprisonnée depuis le 30 décembre, Cho Hyun-ah était également poursuivie pour obstruction dans l’enquête judiciaire (argument rejeté en appel), et agression d'un membre d'équipage. Elle avait plaidé non coupable sur la plupart des chefs d’inculpation, mais le tribunal avait jugé qu’elle avait « modifié illégalement le plan de vol » de l’appareil (« en vol » puisqu’il était en mouvement), même si l’avocat de l’héritière avait rappelé que l'avion n’était qu’à 17 mètres de la porte d’embarquement ; la Cour d’appel a aussi rejeté cette accusation. Les procureurs avaient requis trois ans de prison, sans doute sensibles au déchainement des foules devant celle décrite comme représentative des arrogants « princes et princesses des chaebols », ces héritiers des familles dirigeant les très puissants conglomérats industriels de Corée du Sud, souvent accusés d’être au-dessus des lois. Un comportement dénoncé tout de même par la Cour d’appel dans son jugement : « l'incident ne se serait jamais produit si (elle) ne traitait pas les employés comme des esclaves féodaux ». L'héritière avait fini par présenter des excuses publiques, et avait été poussée à la démission. On attend avec impatience que des peines similaires soient prononcées en Europe, par exemple contre les ivrognes agressifs qui obligent régulièrement les avions à se dérouter - pour de réelles raisons de sécurité…