La compagnie aérienne Malaysia Airlines s’est vu attribuer un administrateur chargé de transférer certains actifs et passifs vers la nouvelle compagnie qui prendra sa place le 1er septembre, alors que les rumeurs les plus folles courent sur le nombre de licenciements attendus. La nomination n’aura aucun impact sur les vols, a promis le nouveau CEO. La restructuration de la compagnie nationale de Malaisie se poursuit avec la nomination le 25 mai 2015 d’un administrateur, Mohammad Faiz Azmi, par le fonds souverain Khazanah Nasional qui est désormais le seul actionnaire de MAS (Malaysian Airline System Berhad). Le chairman de PriceWaterhouseCoopers a pour mission de « faciliter le transfert d’avoirs et de charges sélectionnés » vers la nouvelle société MAB (Malaysia Airlines Berhad), transfert qui doit être terminé d’ici le 1er septembre prochain. MAS continuera à gérer les activités de la compagnie aérienne jusqu’au 31 août, puis passera le relais. Cette transition « est l’un des douze points du plan de restructuration » annoncé en août dernier, précise Khazanah Nasional qui doit aussi investir progressivement et sous conditions 1,5 milliards d’euros dans Malaysia Airlines. Le nouveau CEO de Malaysia Airlines Christoph Mueller a souligné que la nomination de l’administrateur n’aura aucun impact sur les passagers : elle « ne modifie pas les opérations quotidiennes ou les réservations existantes. Vous pouvez continuer à faire des réservations en pleine confiance que nos vols et horaires continuent normalement, que les billets vendus seront honorés, et que notre programme de fidélité Enrich préserve vos miles et votre statut ». Du côté des employés en revanche, la confiance n’est pas au plus fort. Le quotidien The Star écrivait hier que Malaysia Airlines se préparait à licencier ses 20 000 employés (sauf le CEO) pour n’en reprendre immédiatement que les deux tiers sous de nouveaux contrats. Le plan de restructuration a prévu la suppression de 6000 à 8000 postes, les premières lettres de licenciements étant attendues mercredi, en même temps pour les chanceux que la proposition de nouveau contrat. Même si les choses se passent moins mal que prévu, la potion amère annoncée par Christoph Mueller sera au rendez-vous : il semble désormais acquis que 6000 employés seront immédiatement licenciés, 2000 autre devant les rejoindre progressivement au fur et à mesure de la transition. Avec un possible problème en vue : que des pilotes et PNC choisissent de ne pas resigner avec Malaysia Airlines, mais plutôt de céder aux sirènes de compagnies rivales, comme Qatar Airways ou Korean Air qui ont récemment mené des campagnes de recrutement en Malaisie… La compagnie de l’alliance Oneworld avait dévoilé en novembre 2014 les pires résultats financiers trimestriels depuis 2011, conséquence des deux tragédies qui l’ont frappée (disparition du vol MH370 entre Kuala Lumpur et Pékin, et vol MH17 abattu au-dessus de l’Ukraine) mais aussi d’une piètre gestion ayant entrainé des pertes gigantesques, de son incapacité à répondre à la concurrence des low cost (au premier rang desquelles la Malaisienne AirAsia), et des interventions politiques. Le coût de la restructuration est estimé à 1,7 milliard de dollars – sans mentionner les compensations attendues par les familles de victimes des deux crashes. La nouvelle stratégie de Malaysia Airlines se concentrera sur des routes régionales, « avec une connectivité globale fournie par ses partenaires » et une utilisation de la flotte « à un niveau optimal » afin de maximaliser les revenus « sur toutes les routes proposées ». Avec pour conséquence immédiates la suppression de plusieurs routes : l’aéroport de Kuala Lumpur n’est plus relié depuis fin avril à Kunming en Chine et à Krabi en Thaïlande depuis le 6 mai ; il perdra les routes de Francfort dès le 29 mai et de Kochi en Inde le 1er juin. La compagnie ne proposera alors plus que quatre destinations européennes : Paris-CDG en Airbus A380 face à Air France, Londres-Heathrow en A380 face à British Airways à partir du 28 mai, Amsterdam en Boeing 777-200ER en partage de codes avec KLM, et Istanbul en 777-200ER en partage de codes avec Turkish Airlines. En revanche Malaysia Airlines a démenti avoir pris une décision sur la vente ou location à des tiers de ses avions long-courriers, dont six A380, quatre 777-200ER et six avions de fret.