Airbus se dit prêt à accélérer la production des A350 après avoir démarré en douceur pour éviter les risques. L’avionneur européen s’oppose en revanche au plan de restructuration de la compagnie aérienne low cost Skymark Airlines, après avoir annulé la vente des six A380 qu’elle ne pouvait pas payer. Seuls trois Airbus A350-900 ont été livrés à ce jour à la compagnie de lancement Qatar Airways, des livraisons étalées entre décembre 2014, début mars et début mai 2015. Mais le patron des programmes Didier Evrard explique dans Les Echos que le constructeur est prêt à livrer six appareils d’ici le mois d’août, puis huit autres avant la fin de l’année. Il précise que la FAL a suffisamment de pièces pour produire trois A350 par mois, mais qu’Airbus a délibérément choisi une cadence très lente : « nous n'avons jamais avancé sans avoir connaissance des risques », explique-t-il, suivant le principe de la « production initiale à faible rythme » souvent rencontré dans les projets militaires. L’assemblage du futur A350-1000, qui débutera en 2017, est également évoqué avec la création de « zones tampons » dont la Station 50 dédiée au fuselage, qui ne sera réintégrée à la principale ligne de production qu’une fois les deux modèles assemblés à la même cadence. Cette prudence d’Airbus semble avoir porté ses fruits, le premier A350-900 étant entré en service avec relativement peu de retard (en tout cas comparé à l’A380 ou au Boeing 787 Dreamliner), et n’ayant depuis connu aucun problème majeur. Mais les analystes interrogés par Les Echos préviennent : les vrais problèmes n’apparaissent qu’avec la montée en cadence de la production. Airbus prévoit de livrer en 2018 dix A350 par mois. air-journal_Skymark_A380_take_off_maiden_flightAu Japon, Airbus a exprimé son opposition au plan de restructuration de Skymark Airlines en l’état, demandant un délai supplémentaire afin de convaincre la low cost de ne pas renoncer à tous ses appareils (elle opère aujourd’hui une trentaine de 737-800). Sa commande de six A380 avait été annulée par Airbus l’année dernière pour défaut de paiement, 700 millions d’euros de dédommagement étant exigés par l’avionneur. Selon les sources citées par Nikkei, l’avionneur s’opposerait en particulier à la présence de la compagnie aérienne All Nippon Airways, prête à prendre jusqu’à 20% du capital de Skymark et opérant principalement des Boeing (même si elle a commandé à Airbus 37 monocouloirs). Le premier créancier de Skymark, Intrepid Aviation (qui lui louait des A330-300), serait également opposé à ce plan, dont la version finale doit être présentée vendredi à un tribunal de Tokyo. Airbus et Intrepid représentent plus de la moitié des dettes de la low cost, et pourraient donc bloquer toute solution. Skymark Airlines s’était placée en janvier sous la protection de la loi sur les faillites, avec une dette de 605 millions de dollars. Le dépôt de bilan, accompagné par la démission de son fondateur et PDG Shinichi Nishikubo et le retrait de ses actions de la Bourse de Tokyo, avait été justifié par la chute du yen et l’augmentation des coûts bien sûr, la croissance de Japan Airlines et All Nippon Airways (ANA), mais surtout l’arrivée de concurrentes low cost adossées à des groupes solides : AirAsia Japan et Jetstar Japan d’un côté, et Peach Aviation ou Vanilla Air (ANA dans les deux cas) de l’autre.