Un tribunal portugais a momentanément stoppé le processus de privatisation de la compagnie aérienne TAP Portugal, en raison de vices de forme dont l’absence d’appel d’offres pour l’évaluation financière du transporteur national. Selon l'association « Peço a palavra » (Je demande la parole) qui avait déposé la demande de référé, le tribunal administratif suprême du Portugal a ordonné en référé le 3 juin 2015 la suspension de la privatisation, le gouvernement n’ayant pas « prévu d’appel d’offres » pour déterminer la santé financière de TAP Portugal dans le décret autorisant sa mise en vente. La décision n’est pas une surprise, ayant déjà été prononcée dans un autre jugement le mois dernier – que l’Etat s’était empressé de faire annuler en invoquant « l’intérêt général ». Son timing est en revanche plus embarrassant : les deux derniers candidats à la reprise doivent déposer leur projet définitif d’ici deux jours au plus tard. On connait depuis le 25 mai le nom de deux derniers candidats en lice pour la vente de 61% du capital de la compagnie de Star Alliance (les 5% restants du capital mis en vente sont réservés aux employés). Tout d’abord Gateway, une coentreprise entre l’homme d'affaires américano-brésilien David Neeleman – fondateur de JetBlue Airways aux USA et Azul au Brésil – et la compagnie de bus portugaise Barraqueiro Group, qui propose une augmentation de capital de 350 millions d’euros et la commande de 43 avions ; et ensuite SAGEF, un consortium mené par German Efromovich, fondateur du conglomérat sud-américain Synergy Group qui détient entre autres Avianca-TACA ; son offre promet 250 millions d’euros et 38 avions neufs, plus 12 autres issus de la flotte d’Avianca. Les deux candidats se sont engagés à respecter le pacte signé par le gouvernement portugais et les syndicats, qui empêchera tout plan social tant que l’Etat sera actionnaire ; et ils ont promis de reverser jusqu’à 20% des dividendes aux salariés de TAP Portugal. La privatisation de TAP Portugal a été exigée par l’Union européenne et le FMI en échange du plan de sauvetage de l’économie du pays de 78 milliards d’euros, lancé en 2011. Le gouvernement met en vente 66% du groupe TAP (qui comprend également une filiale d'entretien aéronautique TAP M&E Brazil, largement déficitaire, la compagnie régionale Portugalia, et 43,9% du bagagiste Groundforce), tandis qu’il gardera le contrôle des 34% restant.