La grève du personnel de la compagnie aérienne Air Madagascar s’est durcie, conduisant à l’annulation de tous les vols depuis mercredi. Air Mauritius a son côté annoncé une perte de 23,7 millions d’euros pour l’année fiscale qui vient de s’achever. Du coup la cérémonie de signature de l’Alliance Vanille entre ces deux transporteurs et Air Austral, Air Seychelles et les Comores a été reportée à la fin juin. Tous les vols prévus le 18 juin 2015 à l’aéroport d’Antananarivo-Ivato ont été annulés par Air Madagascar « pour cause de mouvement social » comme c’était en partie le cas mercredi, et nul ne sait quand les vols reprendront. La grève du personnel a débuté il y a une dizaine de jours, mais les syndicats ont durci le mouvement après avoir reçu une lettre de réquisition du ministre des transports malgache – rejetée au motif que le droit de grève est « protégé par la constitution » selon leur avocat. Selon le Madagascar Tribune, la médiation conduite par l’Inspection du Travail « bute jusqu’ici sur le sort des personnels d’Air Madagascar qui sont sanctionnés, pour les uns de licenciement (quatre depuis le début du conflit), pour les autres de devoir se présenter devant le conseil de discipline » : les grévistes exigent la levée de toutes les sanctions contre leurs délégués de personnels « avant d’ouvrir des négociations ». Parmi les revendications figurent aussi les cotisations de retraite qui n’auraient pas été versées, et la démission du président du conseil d’administration et d’autres membres du comité de direction. Air Madagascar n’a pas encore communiqué pour les vols prévus ce vendredi. Toujours dans l’océan Indien, Air Mauritius a fini l’année avec une perte de 23,7 millions d’euros, alors que l’exercice précédent s’était soldé par un bénéfice de 7,3 millions d’euros. Ce bilan annuel « confirme la tendance observée sur les résultats négatifs des neuf premiers mois de l’exercice financier », écrit la compagnie mauricienne dans un communiqué, le bilan négatif ayant été « influencé par cinq facteurs principaux : la chute de l’euro, une très forte concurrence, l’effet négatif du hedging sur 40% des besoins de la compagnie en carburant, un faible taux de remplissage sur les dessertes du marché chinois et des coûts en augmentation, notamment ceux du personnel ». Air Mauritius a offert 1.947.766 sièges sur l’ensemble de son réseau (un record), mais elle a dû faire face à une concurrence encore plus rude que les années précédentes, particulièrement sur ses principaux marchés au départ de Maurice ; avec la baisse du taux de remplissage, de 75,5% à 73,7%, et la réduction de la recette unitaire, l’impact sur les recettes est chiffré à 16 millions d’euros nets négatif dont 6,8 millions pour le seul marché mauricien. La compagnie a cependant réalisé un chiffre d’affaires record de 463,1 millions d’euros, et a transporté un nombre record de 1.370.423 passagers. air-journal_air mauritius A330-200Air Mauritius rappelle qu’elle vit actuellement une période de transition : le nouveau conseil d’administration constitué le 9 mars « est résolument décidé à donner un nouvel élan à l’organisation et au fonctionnement d’Air Mauritius. La gouvernance a été grandement renforcée, avec pour résultat immédiat, plus d’autonomie au conseil d’administration et un management mieux habilité à prendre des décisions cruciales ». Ce conseil d’administration « travaille étroitement avec le management pour que la période de transition se passe au mieux en attendant le recrutement d’un nouveau CEO, poste pour lequel un appel à candidature international a été lancé. Cette phase de transition comprend aussi la recherche d’un nouveau partenariat avec tous les acteurs économiques, notamment ceux du tourisme et du voyage. Le plan de retour à l’équilibre durant l’exercice en cours a aussi été approuvé ; l’audit en cours sur les ressources humaines devrait aussi jeter les nouvelles bases pour le futur d’Air Mauritius et la rendre plus performante et encore plus proche de ses clients. Les mauvaises nouvelles frappant les deux compagnies ont entrainé hier le report au 30 juin de la signature de l’Alliance Vanille, visant l’amélioration globale de la compétitivité régionale par le renforcement de l’offre touristique, le développement du trafic, la facilitation des affaires et l’accroissement des échanges commerciaux dans cette région de l'Océan Indien. Air Austral, Air Madagascar, Air Mauritius et Air Seychelles ainsi que les Comores devaient parapher cet accord en faveur de la connectivité aérienne dans la région, sous l’impulsion de la Commission de l’Océan Indien (COI) ; elles s’engagent ainsi à « défendre ensemble leurs intérêts communs et à accroître la connectivité inter-îles tout en veillant à préserver l’attractivité des tarifs pour les passagers ».