La compagnie aérienne Aeroflot devrait finalement renoncer à prendre livraison des 22 Boeing 787-8 Dreamliner commandés en 2007, le sort du même nombre d’Airbus A350XWB étant toujours dans la balance. Et elle louera treize de ses 737-800 à sa filiale low cost Pobeda. Lors du Salon du Bourget le 16 juin 2015, le directeur adjoint de la compagnie nationale russe Giorgio Callegari expliquait à Flightglobal que le contrat avec Boeing avait été rompu « après de longues discussions », la décision étant basée sur une analyse « de la capacité à l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo » et « de la durabilité du développement de la flotte – en termes de mélange entre monocouloirs et long-courriers et de développement du réseau ». Le retard de livraison des Dreamliner, espérés en 2014 avant d’être repoussés à 2016, n’était pas évoqué, Callegari précisant qu’aucune pénalité financière ne sera exigée par Boeing. Trois jours plus tard, le CEO d’Aeroflot Vitaly Savelyev affirmait cependant que les discussions avec Boeing en étaient au stade final, toutes les options étant ouvertes « y compris l’annulation du contrat ». Avant d’ajouter qu’il « ne voit pas d’utilisation possible de cet avion dans les conditions de marché actuelles », « le pire de la crise » n’ayant pas encore été atteint. Boeing s’est contenté de dire qu’en cas de rupture du contrat, il n’aura « aucune difficulté » à placer ces 22 Dreamliner chez d’autres clients. La commande de 22 Airbus A350XWB fait elle aussi l’objet d’une remise en question par Aeroflot, les huit A350-800 (un modèle abandonné) et quatorze A350-900 étant attendus entre 2018 et 2023. Selon Callegari, ces dates de livraison et la répartition des différents modèles au sein de la commande sont en cours de négociation. Rappelons que son carnet de commandes compte entre autres six 777-300ER supplémentaires et dix 737-900ER. La compagnie de l’alliance SkyTeam tenait lundi son assemblée générale, qui a approuvé les comptes de l’année financière écoulée (perte nette de 17,1 milliards de roubles pour un chiffre d’affaires en hausse de +9,9% à 319,8 milliards de roubles) et exclu tout versement de dividendes. Un résultat « optimum » selon le communiqué d’Aeroflot, en regard de la crise économique en Russie – entre sanctions occidentales suite au conflit avec l’Ukraine et chute des cours du pétrole – qui a vu les voyages internationaux s’écrouler au profit de vols intérieurs moins rentables. Elle a donc remis à jour sa stratégie 2016-2020, avec entre autres une accentuation du contrôle des coûts et de l’efficacité, une « adaptation aux conditions du marché » des multiples marques du groupe, et un développement poussé du secteur low cost. Dans ce dernier cas, le principe d’un leasing à long terme de 13 Boeing 737-800 à la filiale Pobeda a été voté. Callegari se disait d’ailleurs confiant que le groupe atteindra ses objectifs en termes de nombre de passagers, de taille et de performance de la compagnie « en modifiant la flotte et le réseau pour les rendre plus attractifs ».