Le syndicat de contrôleurs aériens SNCTA, rejoint par FO, a déposé un préavis de grève pour les jeudi 2 et vendredi 3 juillet 2015, la baisse des effectifs malgré l’augmentation du trafic aérien étant l’un de leurs nombreux griefs. Dans son communiqué du 23 juin 2015, le Syndicat National des Contrôleurs du Trafic Aérien (SNCTA, 49% des contrôleurs) justifie sa décision au vu des « attaques incessantes des compagnies aériennes et de la Commission européenne sur les taux de redevances de route », de « la baisse des effectifs et l’augmentation du trafic aérien », de « l’absence d’accord concernant des expérimentations à Reims », de « l’absence de réponse quant à l’âge de départ en retraite des contrôleurs nés entre 1959 et 1964 », de « la dégradation progressive des conditions d’emploi des contrôleurs aériens ». Il considère la faible volonté des pouvoirs publics à négocier ces problématiques, qui incluent des points plus spécifiques comme les nouvelles contraintes pesant sur les licences de contrôle, les risques que fait peser le RIFSEEP sur les rémunérations et leurs évolutions ou la non publication du décret CIT. Le SNCTA précise que FO « qui partage certaines revendications » dépose également un préavis sur cette période. Dans une lettre ouverte au ministre des Transports et à la DGAC, le SNCAT explique que le secteur du transport aérien « connaît, y compris en Europe et en France, une croissance significative qui doit conduire à la modernisation accélérée des systèmes techniques de la navigation aérienne ainsi qu’à l’adaptation des ressources humaines aux besoins identifiés ou aux nouvelles exigences réglementaires lorsqu’il s’agit des compétences des personnels ». Cette situation « devrait conduire les pouvoirs publics à confier à la direction générale de l’aviation civile les moyens de répondre à ces enjeux. Compte tenu de son domaine d’activité et de son budget particuliers, les moyens de la DGAC devraient être sanctuarisés ». Si le ministère des Transport n'a pas encore commenté les revendications des contrôleurs aériens, une réunion entre les syndicalistes et les autorités de tutelle aura bien sûr lieu avant toute grève. Le dernier arrêt de travail du SCNTA en avril avait entraîné l’annulation de près de 50% des vols pendant deux jours. Aujourd'hui, les professionnels du voyage, encore traumatisés par longue grève des pilotes d'Air France en septembre dernier,  craignent déjà un arrêt de travail qui va perturber fortement les départs de vacances début juillet. « Notre pays souffre, il faut mettre fin par la loi aux grèves corporatistes et sectorielles. Le contrôle aérien est une fonction régalienne au même titre que la Police ou la Gendarmerie. Ne faut-il pas encadrer le droit de grève de cette profession ultra privilégiée qui met en danger des milliers d'emplois dans notre pays ? Y a t-il un Ronald Reagan dans notre pays pour mettre fin à la prise d'otages des voyageurs et des emplois privés? » se demande ainsi Fabrice Dariot, patron du site de vente de billets Bourse des vols, faisant référence au Président des Etats-unis qui avait licencié, en août 1981, 11 345 des 13 000 contrôleurs aériens américains après deux jours de jours, et avait fait mobilisé des militaires pour les remplacer. Le SNCTA est déterminé à aller jusqu'au bout. Selon le syndicat, se succèdent depuis des mois voire des années « des politiques publiques nées de choix gouvernementaux ou d’orientations de la Commission européenne, qui conduisent à une restriction des moyens techniques et humains. Alors qu’il faudrait faire fructifier le principal capital de la DGAC et de la navigation aérienne que sont les ressources humaines, les politiques conduites génèrent une démotivation et une inquiétude croissantes des personnels jamais vues depuis des décennies. Certaines décisions ou orientations prises par le gouvernement ou l’administration, parfois en contradiction avec les engagements récents de votre ministère, ne sont aujourd’hui plus acceptées. Les personnels que nous représentons entendent le faire savoir par des arrêts de travail tant que leurs attentes ne sont pas considérées et prises en compte ». aj_aeroport_roissy-CDG4Déjà hier, le syndicat revenait – très remonté – sur la conférence des cinq PDG d’Air France-KLM, IAG (British Airways, Iberia, Vueling), le groupe Lufthansa, easyJet et Ryanair, qui ont « uni leurs forces pour faire pression sur la politique européenne de l’aviation ». Le SNCTA écrivait : « le PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, qui poursuit les syndicats en justice, celui de Ryanair, Michael O’Leary, fossoyeur des droits des salariés du transport aérien, ceux d’easyJet, d’IAG et de Lufthansa ont donc décidé de travailler ensemble à faire pression pour la mise au point d’une nouvelle stratégie de l’aviation dans l’UE. Cette stratégie repose sur quatre piliers : simplifier la réglementation, réduire les coûts des aéroports et de la navigation aérienne, améliorer la gestion du trafic en Europe en interdisant les grèves ATC et pousser à la mise en œuvre rapide du ciel unique européen (sic). Si nous étions habitués aux saillies caricaturales de M. O’Leary, voir le PDG d’une compagnie qui s’est construite sur un monopole, qui a bénéficié par deux fois d’une recapitalisation de l’État, qui profite depuis toujours d’une politique tarifaire de la navigation aérienne française tout à son avantage et qui reste aujourd’hui soutenue à bout de bras par l’État, rejoindre le concert des pleureuses du transport aérien est indigne et indécent ! ». Le syndicat déclarait alors qu’il « ne laissera pas ceux qui considèrent les contrôleurs et la navigation aérienne comme des cibles mener leur sinistre besogne » ; ses adhérents « en ont assez des attaques incessantes des lobbies, des compagnies aériennes et de la Commission européenne. Ils sont las de la soumission des pouvoirs publics et de l’administration aux intérêts privés d’entreprises qui oublient trop souvent le rôle et les missions des services de navigation aérienne »...