Les experts de la Commission Aéroports britannique, chargés d’étudier le futur des plateformes londoniennes, ont recommandé la construction d’une troisième piste à Heathrow. Une décision soutenue par le patronat et la compagnie aérienne low cost easyJet mais qui provoque des doutes chez IAG et Ryanair – et la fureur du maire de Londres. Dans son rapport de plus de 300 pages rendu public le 1er juillet 2015, la Airports Commission précise que le soutien à l’ajout d’une troisième piste au plus engorgé des aéroports de Londres a été décidé de façon unanime, même si les deux autres solutions « finalistes » (une deuxième piste à Gatwick et l’allongement de la piste Nord à Heathrow) sont jugées « crédibles ». L’augmentation du trafic aérien d’ici 2030 sera géré au mieux par la création d’une troisième piste à Heathrow, au nord-est de celles existantes, a jugé la Commission nommée il y a trois ans. Son président Sir Howard Davies explique que cet aéroport est « le mieux placé pour fournir les capacités requises plus facilement et rapidement » (y compris de nouvelles liaisons), et que la solution retenue offre les plus grands bénéfices « aux voyageurs d’affaires, aux transporteurs de fret et à l’économie en général ». Le budget de la troisième piste à Londres-Heathrow est estimé à près de 25 milliards d’euros, mais la Commission estime qu’elle génèrera un impact financier sur l’économie britannique supérieur à 200 milliards d’euros en 60 ans, entrainera la création de 70 000 emplois d’ici 2050 – et permettra l’ouverture de 40 nouvelles lignes dont une douzaine sur le long-courrier. Une concession est proposée aux riverains d’Heathrow par la Commission : un couvre-feu entre 23h30 et 6h00 devrait compenser en partie l’augmentation des nuisances sonores (les premiers vols sont à 4h45 actuellement). Le choix de la Commission a été salué par le CBI, équivalent britannique du MEDEF qui veut un début des travaux avant 2020, ou par le syndicat Unite, ainsi que par easyJet dont la CEO Carolyn McCall se voit déjà ouvrir une base à Heathrow avec 30 Airbus stationnés sur place (ce serait sa cinquième base autour de Londres après Luton, Gatwick, Stansted et Southend). La low cost cite déjà de nouvelles destinations envisagées comme l’île de Man, Jersey ou Inverness, « l’ajout de concurrence sur les routes vers Edimbourg, Glasgow, Aberdeen ou Belfast » mais aussi des services « nouveaux ou renforcés vers Amsterdam, Genève et Zurich » - le tout en maintenant des prix plus bas que la concurrence. aj_British Airways Londres HeathrowLe premier opérateur à Heathrow avec plus de la moitié des créneaux de vol, le groupe IAG qui regroupe British Airways et Iberia se montre plus partagé : son PDG Willie Walsh ne croit guère à la construction de cette troisième piste « faute de vision et de leadership politique ». Et outre l’arrivée de la concurrence low cost, il n’apprécie pas du tout le financement de ce projet par les passagers existants – et donc les compagnies aériennes ; IAG n’avait d’ailleurs pas soumis de point de vue à la Commission. Côté opposition, la moins surprenante a été celle du maire de Londres Boris Johnson qui avait déjà promis de « s’allonger devant les bulldozers » si jamais les travaux commençaient. Ce dont il doute de toute façon en raison des multiples manouvres juridiques qui viendront enrayer le lancement du projet. Rappelons qu’il soutenait une quatrième option, la construction d’un aéroport entièrement neuf dans l’estuaire de la Tamise (avec un coût de 170 milliards à la clé). Chez Ryanair, Kenny Jacobs affirme qu’il est « un fait avéré que des pistes additionnelles à Stansted et Gatwick pourraient apporter bien plus rapidement que n’importe quelle troisième piste à Heathrow » des solutions à la crise de capacité de la capitale britannique ; la low cost voudrait voir les trois aéroports se doter d’une troisième piste, seule solution pour résoudre cette crise « pour les cent ans à venir ».