Le ministère de la justice américain a ouvert une enquête sur une possible collusion entre les grandes compagnies aériennes du pays, qui auraient volontairement limité le nombre de sièges disponibles pour maintenir des prix élevés. L’enquête civile antitrust révélée mercredi dernier ne nomme pas les compagnies visées, mais American Airlines, Delta Air Lines, la low cost Southwest et United Airlines ont confirmé avoir reçu la requête du DoJ (Department of justice), qui veut éplucher toutes leurs communications au sujet des capacités ; ces communications peuvent être directement entre les différents transporteurs, ou avec des analystes financiers extérieurs. Les enquêteurs cherchent à savoir dans quelle mesure les compagnies se seraient consultées avant de décider de nouvelles liaisons ou de leur suppression, et d’augmentation ou de baisse de capacité et de fréquences. Le Bureau des statistiques a en effet constaté que de 2009 à 2014 et sur des capacités stables, le prix du billet d’avion aux Etats-Unis avait augmenté de +13% en moyenne – en tenant compte de l’inflation mais hors services additionnels. Ces derniers représentaient lors des douze derniers mois 3,6 milliards de dollars pour les bagages et 3 milliards pour les changements de réservation. Les porte-paroles des quatre grandes ont tous affirmé qu’ils allaient coopérer, JetBlue Airways déclarant de son côté ne pas avoir été contactée par le DoJ. Les quatre compagnies contrôlent plus de 80% du marché aérien américain, suite à une série de fusions qui ont par exemple vu Continental Airlines et US Airways disparaître. Et pas au profit des passagers comme l’expliquait à CNN Roger Dow, président de l’US Travel Association : « le mot de collusion est dans toutes les têtes » y compris celles du régulateur fédéral, affirme-t-il, une situation qui ne serait jamais arrivée sans la « consolidation radicale » du secteur. La Business Travel Association rappelle de son côté « les appels constants des CEO pour une discipline sur les capacités », soulignant que les augmentations des prix se sont accompagnées d’une baisse générale de la satisfaction client ; elle rappelle aussi que « sous pression de ce lobby » l’examen de la licence demandée par la low cost Norwegian pour NAI (Norwegian Air International, basée en Irlande) a déjà pris plus de 15 mois contre 5 semaine en moyenne d’habitude, bien sûr « au détriment des consommateurs américains » (et elle dénonce de nouveau « l’hypocrisie des attaques contre les transporteurs du Golfe » par American, Delta et United). Rappelons que les bénéfices de ces trois géantes ont explosé en 2014, en partie grâce à la chute du cours du pétrole ; le groupe American Airlines estime qu’il économisera cette année 4 milliards de dollars, et Delta plus de 2 milliards, l’IATA prévoyant que ces bénéfices seront encore en hausse en 2015.