La compagnie aérienne Aigle Azur réclamerait en vain à l’Algérie le rapatriement de 35 millions d’euros de recettes, une somme que l’état bloquerait au nom de taxes et de billets non utilisés. Selon Le Parisien du 12 juillet 2015, les recettes réclamées ont été accumulées entre 2002 et 2011 sur les ventes de billets en Algérie par la compagnie française basée à l’aéroport de Paris-Orly. Une source proche du dossier explique que le blocage de ce rapatriement est justifiée par l’administration algérienne, pour qui « une partie de cet argent est le produit de taxes, et n'est donc pas rapatriable. Une autre partie correspondrait à des billets achetés par des passagers mais pas utilisés ». Or Aigle Azur afficherait selon le quotidien « après trois années difficiles un déficit de 15 millions d’euros » (les derniers chiffres officiels sur l’année 2013-2014, publiés en octobre, parlaient d’une perte de 7,6 millions), d’où l’importance pour sa survie des sommes réclamées à l’Algérie. La même source précise que « normalement au bout d'un an, n'importe quelle compagnie au monde peut intégrer l'argent de ces billets à sa comptabilité... Mais pas en Algérie », où la volonté de protéger Air Algérie serait la raison réelle du différent. Et Aigle Azur n’en serait pas la seule victime : Air France aurait également subit cette « anomalie » selon Le Parisien avec 16 millions d’euros bloqués en Algérie jusqu’à la fin de l’année dernière (la moitié a été rapatriée depuis) ; le ministère des transports français évoquerait une situation « anormale et préoccupante » dont tout le monde serait au courant, le sujet ayant même été évoqué lors du voyage de François Hollande à Alger le mois dernier. Aigle Azur, qui emploie 1200 personnes dont 700 en France, serait donc bien victime d’un « sabotage… Tout est fait pour embêter le pavillon tricolore », ajoute la source. Le Parisien évoque un « avenir qui semble compromis » pour la deuxième compagnie française, avec 1,967 millions de passagers transportés pendant l’exercice 2013-2014, mais précise que le rapatriement des recettes a repris depuis 2011 « au compte-goutte » - sans pour autant régler le contentieux sur les dix années précédentes. Aucun officiel algérien n’a voulu répondre aux questions du quotidien. Rappelons que cette question du rapatriement des recettes avait déjà été évoquée au printemps 2014 par le Canard Enchainé. Et que l’année précédente, Aigle Azur avait fait face à un trafic de billets d’avion en France sur les vols vers l’Algérie, qui aurait coûté plusieurs millions aux « agences de voyage légalistes ».