Il y a un an jour pour jour ce 17 juillet 2015, un Boeing 777-200ER de la compagnie aérienne Malaysia Airlines était abattu au-dessus de l’Ukraine, entrainant la mort des 298 passagers et membres d’équipage. Une version du rapport final d’enquête ferait porter la responsabilité du drame aux milices prorusses du Donbass, mais la politisation de l’accident rend l’obtention de la vérité toujours aussi difficile. Il y a deux jours, CNN « fuitait » le brouillon du rapport final du Bureau d'enquête pour la sécurité néerlandais (OVV), envoyé pour consultation à certains gouvernements des pays comptant des victimes dans le crash du vol MH17 reliant l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol à Kuala Lumpur, à savoir les Pays-Bas (193 victimes), la Malaisie (43), l’Australie (27), l’Indonésie, la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Allemagne, les Philippines, le Canada et la Nouvelle Zélande . CNN citait deux sources qui auraient consulté ce rapport envoyé également aux agences telles que « la FAA, le NTSB ou Boeing », dont les conclusions seraient d’une part que le missile sol-air de type BUK qui a abattu l’avion a été lancé depuis une zone contrôlée par les miliciens prorusses dans l’est de l’Ukraine, et d’autre part que Malaysia Airlines est en partie responsable du drame pour n’avoir pas suffisamment consulté les informations sur le survol de zones de guerre (comme d’autres à l’époque, l’ICAO ayant depuis mis en ligne un répertoire d’information sur les risques encourus en zones de conflit). L’OVV, à qui l’Ukraine a délégué la responsabilité de l’enquête technique, a bien sûr refusé de commenter les informations portant sur « le brouillon confidentiel du rapport final », mais expliquait au début du mois les étapes à venir du processus d’enquête. Les récipiendaires du rapport ont 60 jours pour apporter des commentaires (voire corriger des inexactitudes) ; le rapport final devrait être publié dans la première quinzaine d’octobre. L’OVV est aidé par des enquêteurs venus des Pays-Bas, de Malaisie, d’Ukraine, du Royaume Uni, d’Australie, des Etats-Unis et de Russie. Son rapport préliminaire avait conclu à la destruction de l’avion suite à des impacts sur la carlingue semblables à ceux créés par un missile sol-air explosant à proximité, la détermination des responsables du tir n’entrant pas dans son mandat. air-journal_MH17 Malaysia Airlines crashLa Grande Bretagne s’est jointe cette semaine à l’appel lancé par la Malaisie, les Pays-Bas, l’Australie ou la Belgique pour mettre en place un tribunal sous l’égide de l’ONU, afin de traduire en justice les responsables de l’écrasement du vol MH17 – et dissuader ceux qui voudraient s’en prendre à l’aviation civile. Un appel rejeté comme « prématuré et contre-productif » par la Russie, qui peut y opposer son veto, tandis que la Chine a indiqué qu’elle donnerait soutiendrait le projet « si les 15 membres du Conseil de Sécurité sont d’accord ». Rappelons que Kiev et les Occidentaux en général soutiennent la version d’un missile tiré par les milices pro-russes (voire par l’armée russe elle-même), tandis que ces miliciens et Moscou soutiennent la thèse d’un tir par l’armée ukrainienne. L’enquête judiciaire est menée par des experts néerlandais, australiens, belges, malaisiens et ukrainiens. Jusque là, personne n’a été capable d’apporter des preuves convaincantes pour expliquer qui était responsable et s’il s’agissait d’un acte délibéré ou d’une erreur, chaque camp défendant sa thèse avec plus ou moins de bonne foi. Le rapport final de l’OVV ne devrait malheureusement pas suffire à calmer les partis-pris.