Aéroports de Paris (ADP), qui gère les plateformes de Roissy et Orly, a vu passer 45,5 millions de passagers pendant les six premiers mois de l’année, avec un chiffre d’affaires et un résultat net en hausse. Le niveau des redevances payées par les compagnies aériennes sera gelé hors inflation l’année prochaine, mais il pourra être relevé jusqu'à 1,25% par an de 2017 à 2020. Dans son communiqué du 29 juillet 2015, ADP annonce pour le premier semestre un trafic des aéroports parisiens « en ligne avec les hypothèses », à 45,5 millions de passagers (+1,5% par rapport à la même période de l'année précédente qui avait été marquée par une hausse de 4,2 %), et un « dynamisme du trafic Groupe » (+3,5%). Charles de Gaulle a accueilli 31,3 millions de visiteurs (+1,6%) et Orly 14,2 millions (+1,1%). La répartition géographique indique que le trafic en France a reculé de -0,6% ; l’hexagone représentait 17,5% du trafic total ; l’Europe progresse de +2,7% (52,9% du trafic total) et le reste du trafic international affiche +1,1% (39,5% du trafic total). Le nombre de passagers en correspondance progresse de +1,0%, tandis que le taux de correspondance s'établit à 23,8%, en baisse de 0,1 point. Le nombre de mouvements d'avions (339 359) est en baisse de -0,8% ; l'activité fret et poste est en baisse de -2,5% avec 1 061 413 tonnes transportées. Réunis au sein d’un consortium, ADP au travers de sa filiale Aéroports de Paris Management, Bouygues Bâtiment International, Colas Madagascar et Meridiam, ont été déclarés le 5 mai 2015 par le gouvernement de la République de Madagascar, attributaires provisoires du contrat de partenariat public-privé relatif à la mise en concession des aéroports internationaux d'Ivato à Tananarive et de Fascène à Nosy Bé. Ces aéroports ont accueilli respectivement 814 000 et 132 000 passagers en 2014, dont près de deux-tiers de passagers internationaux. L’offre du consortium prévoit la conception, le financement et la construction des infrastructures suivantes : à l'aéroport d'Ivato, un nouveau terminal international d’une capacité initiale de 1,5 million de passagers, la rénovation du terminal existant pour y accueillir le trafic domestique, la rénovation de la piste et sa mise en conformité. A l'aéroport de Nosy Bé, dans une première phase l’extension de la piste et sa mise en conformité ainsi que la rénovation du terminal existant, puis dans une deuxième phase le financement, la conception et la construction d'un nouveau terminal qui portera la capacité de l'aéroport à près d’1 million de passagers. Le consortium mené par Aéroports de Paris assurerait l'exploitation des deux aéroports sur toute la durée de la concession. Les prochaines étapes consistent à négocier le contrat de partenariat, puis à finaliser le financement nécessaire à l'entrée en vigueur de la concession. Côté finances, ADP affiche une « bonne dynamique » du chiffre d'affaires (+5,1% à 1422 millions d'euros), avec une croissance des activités commerciales sous l'effet de la progression du CA/PAX3 (+ 11,5 % à 19,8 €) et du produit des redevances aéronautiques, notamment de dégivrage. L’EBITDA est en progression de 3,2% à 509 millions d'euros, tandis que le résultat net part de groupe s’élève à 19,8 millions d’euros, en hausse de 2,8% par rapport au premier semestre 2014. ADP a « affiné » ses objectifs 2015 : sur la base d'une hypothèse de croissance du trafic de +2,6% en 2015 par rapport à 2014, l'EBITDA 2015 est attendu en croissance de 30% à 35% par rapport à 2009. Selon le PDG d’Aéroports de Paris Augustin de Romanet, « les résultats du 1er semestre 2015 sont en ligne avec nos prévisions pour l'année : le trafic des plates-formes parisiennes est conforme à nos hypothèses. Les activités commerciales sont très dynamiques, portées par un CA/PAX en hausse de 11,5 % à 19,8 €. L'EBITDA progresse conformément à nos prévisions malgré l'impact d'un hiver plus rude et de la hausse de la fiscalité locale, en partie compensés par nos efforts de productivité ». aj_aeroport roissy air franceL’autre nouvelle de mercredi concernant ADP porte sur la question des redevances aéroportuaires, un sujet épineux pour les compagnies aériennes. Selon le nouveau Contrat de Régulation Economique (CRE) portant sur la période 2016-2020, qui va être signé avec l’Etat, ces tarifs progresseront uniquement de l'inflation en 2016. Ils évolueront sur la période 2016-2020 à un rythme annuel moyen de 1% au-delà de l'indice des prix, soit un montant « plus faible que les deux CRE précédents, malgré des investissements en hausse de 70% », précise ADP. Le PDG explique que ce CRE 2016-2020 donne « une visibilité sur 5 ans à un programme d'investissements de 3 milliards d'euros sur le périmètre régulé, niveau jamais atteint jusqu'à présent. L'accent sera porté sur la maintenance des infrastructures, l'optimisation des terminaux et l'efficacité de la plate-forme de correspondance, via la conquête de nos clients, passagers et compagnies aériennes. Cet accord est une excellente nouvelle pour les territoires et se traduira par de nombreuses créations d'emplois et une attractivité renforcée pour Paris et la région Ile-de-France. » Le plan stratégique et les objectifs 2020 de l'ensemble du Groupe seront dévoilés au mois d'octobre. Avec une hypothèse de croissance du trafic de 2,5 % en moyenne par an, ADP cite parmi les caractéristiques du CRE un « engagement fort en termes de qualité de service, avec la mise en place de sept indicateurs "standards de qualité" sanctionnés par un malus, de trois indicateurs "d'excellence", en particulier pour les passagers en correspondance, assortis d'une incitation financière sous forme de bonus et de malus, et de cinq indicateurs de suivi sans incidence financière ». Mais aussi une nouvelle structure tarifaire visant « d'une part à améliorer la compétitivité-prix du trafic intercontinental et en correspondance et à favoriser l'emport des compagnies en diminuant le poids de la redevance par passager, et en révisant la redevance d'atterrissage, d'autre part, à exonérer le stationnement de nuit pour favoriser l'implantation à Paris d'avions basés et enfin, à rendre plus lisible la grille tarifaire en homogénéisant le financement du traitement des bagages en correspondance ». ADP avait l’année dernière augmenté ses redevances de +2,4%, pour atteindre une hausse de 30% depuis 2005 – ce qui place les deux aéroports parisiens parmi les plus chers d’Europe. Les compagnies aériennes ont immédiatement exprimé leur indignation, la stabilité en 2016 ne suffisant pas à compenser les augmentations prévues les années suivantes. Un salarié d’Air France interrogé par la Tribune résumait le sentiment général : « on ne va pas se serrer la ceinture pour remplir les caisses d'ADP et de l'Etat », ce dernier en étant l’actionnaire majoritaire et recevant chaque année 500 millions d’euros « payés par Air France et ses passagers » selon le PDG Frédéric Gagey. La FNAM (Fédération Nationale de l'Aviation marchande, qui représente 95% du secteur du transport aérien français avec Aigle Azur, Air Caraïbes, le groupe Air France, Corsair International, XL Airways), dénonce de son côté « cet arbitrage gouvernemental ignore totalement le contexte d’asphyxie dans lequel se trouve le transport aérien français basé, à plusieurs reprises mis en exergue ces derniers mois. Le gouvernement n’a fait que privilégier une valorisation patrimoniale appuyée notamment sur des paramètres hors du temps. Le travail d’analyse produit par la FNAM a conduit à démontrer que, sans dégrader la valorisation de la société ADP, une évolution annuelle de ces indexes, hors inflation, de -2,5% était tout à fait possible ». Si pour les compagnies aériennes basées à CDG et Orly le poste redevances aéroportuaires ne constitue pas le seul élément d’écart de compétitivité, « pour autant l’arbitrage qui a été rendu laisse entendre que la mise en danger accélérée de presque 100 000 emplois directs du secteur n’a pas été intégrée. Le signal donné est très négatif ». Alors que les tendances au gel ou à la baisse des coûts se concrétisent partout en Europe selon la FNAM, elle rappelle que « l’index des redevances à Amsterdam a baissé de -7,7% en 2015 contre une augmentation de +2,4% pour ADP, et que, fin 2014, le gouvernement espagnol a pris la décision de geler la totalité des redevances pour tous les aéroports en Espagne, pour 10 ans. La réalité de l’arbitrage qui a été élaboré montre que, au-delà de Londres-Heathrow, Orly et CDG resteront largement non compétitifs ». Et la fédération égrène les questions restées sans réponse, comme « la révision des objectifs de rémunération du capital, le principe de caisses étanches, cas unique en Europe, le parallélisme avec les processus mis en place à Amsterdam, les travaux sur la compétitivité du transport aérien français menés tout au long de l’été 2014 » : tout ce travail « a été manifestement ignoré dans le processus d’arbitrage ». Avant de rappeler que la part du Pavillon français ne cesse de se dégrader : -1 point depuis 12 ans, -1.8 point en 2014…