Quatre compagnies aériennes américaines, dont Hawaiian Airlines et la low cost JetBlue Airways, ont annoncé avoir formé une coalition pour défendre la politique de ciel ouvert des Etats-Unis. Elles entendent surtout contrer les efforts d’American Airlines, Delta Air Lines et United Airlines qui exigent des mesures contre les transporteurs du Golfe, accusés de toucher des subventions contraires aux règles de la concurrence. Baptisée « U.S. Airlines for Open Skies », la coalition dévoilée le 3 août 2015 par Hawaiian et JetBlue inclut aussi les deux géants du fret, FedEx et Atlas Air Worldwide. Elle justifie sa demande de statu quo dans le ciel américain par une étude de Brookings Institution, selon laquelle les passagers américains économiseraient 4 milliards de dollars par an grâce à cet accord de ciel ouvert, qui permet en particulier à Emirates Airlines, Etihad Airways et Qatar Airways de lancer librement de nouvelles liaisons vers les Etats-Unis – un principe auquel veut mettre fin le « Partnership for Open and Fair Skies », mis en place par les trois grandes compagnies américaines. La nouvelle coalition souligne que 10% du trafic international actuel vers et depuis les Etats-Unis est une conséquence directe de ce ciel ouvert, et que sans lui des aéroports tels que Detroit, Las Vegas, Memphis où Minneapolis ne disposeraient probablement d’aucune ligne directe vers ou depuis l’étranger. Hawaiian ne pourrait pas voler vers Seoul ou Auckland, et JetBlue vers la Colombie ou la Jamaïque. Les Big 3 (American, Delta, United) « ne parlent pas au nom de toutes les compagnies du pays », souligne le CEO de Hawaiian Airlines Mark Dunkerley dans une lettre ouverte au Département d’Etat et à celui des Transports, tandis que son homologue chez FedEx David Bronczek estime que leurs actions « provoqueraient des mesures de rétorsion ». La concurrence globale « fait partie des choses de la vie » et l’accord Open Skies a « ouvert d’immenses opportunités pour les compagnies américaines, bénéficiant aux passagers et à l’économie », déclare de son côté le PDG de JetBlue Robin Hayes ; quant au dirigeant d’Atlas Air Worldwide William Flynn, il utilise l’argument de la sécurité nationale : le ciel ouvert « a permis aux transporteurs de fret américain de développer des réseaux globaux, de faciliter le transport rapide de matériel militaires vers les terrains d’opération comme l’Afghanistan ou le Golfe », et toute restriction « aurait des conséquences négatives à long-terme » sur la capacité des Etats-Unis à se mobiliser. La coalition « U.S. Airlines for Open Skies » affirme employer environ 350 000 personnes, contre 270 000 pour le groupement rival. Et elle cite une étude d’InterVISTAS concluant que la libéralisation du ciel a entrainé une augmentation de 16% du trafic aérien, de quoi soutenir 9 millions d’emplois directs ou indirects. Les 140 000 touristes et visiteurs étrangers transportés l’année dernière vers les Etats-Unis par Emirates, Etihad et Qatar Airways auraient dépensé près d’un milliard de dollars, et généré deux fois plus d’argent dans l’économie. American Airlines, Delta Air Lines et United Airlines accusent les trois compagnies du Golfe d’avoir accumulé 42 milliards de dollars de subventions en dix ans, et sont soutenues par Air France-KLM et Lufthansa – mais pas par le groupe IAG de British Airways et Iberia ou par Alitalia par exemple. En face, les trois grandes du Golfe ont répliqué en démontrant que les Big 3 et leurs consœurs avaient perçu 71,48 milliards de dollars en « avantages » depuis le début du millénaire.