La compagnie aérienne low cost Skymark Airlines devrait désormais échapper à la faillite, la majorité des créanciers – dont Airbus – s’étant ralliés au projet de relance soutenu par ANA (All Nippon Airways). Si des objections peuvent encore être déposées pendant quinze jours, l’accord approuvé le 5 août 2015 à Tokyo avec 60,2% des voix de quelques 170 créanciers va permettre la restructuration de la spécialiste japonaise du vol pas cher, qui s’était mise fin janvier sous protection des créanciers avec une dette de 605 millions de dollars (elle atteindrait en fait 2,5 milliards). Le projet « vainqueur » est celui mené par le fonds d’investissement Integral Corp., auquel participe ANA et qui est désormais soutenu par Airbus, aux dépens du projet du principal créancier de Skymark, la société de leasing américaine Intrepid Aviation que la compagnie Delta Air Lines envisageait de rejoindre, mais qui était présenté comme « plus risqué » par un créancier cité par le quotidien Japan Times. Première compagnie japonaise, ANA veut prendre une participation de 16,5% dans le capital de Skymark, dont elle vise évidemment les 16 paires de créneaux à l’aéroport de Tokyo-Haneda qui lui permettront d’asseoir un peu plus sa domination sur le marché intérieur par rapport à Japan Airlines. Son projet de restructuration inclut la mise en place d’un partage de codes, des achats de carburant en commun, voire une gestion commune de la flotte et de la maintenance. Le président de Skymark Takashi Ide a tenté de rassurer ceux qui voient dans cet accord un risque de perte de concurrence, expliquant qu’ANA lui avait promis de garantir « son indépendance et son individualité », et de ne pas intervenir dans le choix des routes ou l’établissement des tarifs. Une recapitalisation de 145 millions de dollars est également au programme, dont une majeure partie servira à payer les créanciers. Ce projet a donc fini par convaincre Airbus et Rolls Royce, respectivement deuxième et troisième plus importants créanciers de la low cost. On rappellera que la chute de celle-ci avait été précipitée par la décision de l’avionneur européen d’annuler une commande de six A380 pour défaut de paiement, puis de réclamer 700 millions de dollars de dédommagement. Nul ne sait quel genre de contrepartie Airbus a obtenu pour changer d'avis ; Skymark n’opère plus que des Boeing 737-800, et la flotte d’ANA est principalement composée de Boeing même si elle a commandé à Airbus 37 monocouloirs dont 33 de la famille neo. Le dépôt de bilan de Skymark Airlines, accompagné par la démission de son fondateur et PDG Shinichi Nishikubo et le retrait des actions de la Bourse de Tokyo, avait été justifié par la chute du yen et l’augmentation des coûts bien sûr, par la croissance de Japan Airlines et ANA, mais surtout par l’arrivée de concurrentes low cost adossées à des groupes solides : AirAsia Japan et Jetstar Japan d’un côté, et Peach Aviation ou Vanilla Air (ANA dans les deux cas) de l’autre. Ses détracteurs l’avaient accusé d’avoir mené une stratégie d’expansion trop risquée, y compris dans la commande de superjumbos.