Le principal syndicat de pilotes de la compagnie aérienne Lufthansa s’est insurgé hier contre les recommandations de l’AESA sur la présence en permanence de deux personnes dans le cockpit, parlant de mesure contre-productive. L’Agence européenne pour la sécurité aérienne (AESA) avait recommandé toute une série de mesures après le crash du vol 4U9525 de la low cost Germanwings, dont le copilote Andreas Lubitz avait volontairement écrasé l’Airbus A320 dans les Alpes le 24 mars dernier, entrainant la mort des 150 personnes à bord. Selon un communiqué du syndicat VC (Pilotenvereinigung Cockpit) le 10 août 2015, les pilotes de la maison-mère Lufthansa rejettent catégoriquement l’une de ces mesures, la présence obligatoire de deux personnes dans le cockpit à tous les instants du vol. Pour VC, cela comporterait des risques pesant « plus lourd que les gains de sécurité présumés », notamment en rendant l’ouverture de la porte du cockpit plus prévisible ; et le nombre de PNC n’a pas été augmenté, même si plusieurs compagnies ont volontairement mis en place cette règle. Toujours selon le syndicat, la mesure n’empêcherait en rien qu’un pilote décidé neutralise la deuxième personne, voire en soit complice. Autres mesures condamnées par VC, la mise en place d’un référentiel européen de données aéromédicales contraire à la préservation du secret médical, et d’un programme de lutte contre la drogue ou l’alcool s’appuyant sur des contrôles aléatoires. Le porte-parole Markus Wahl souligne comme une évolution positive la mise en place d’un réseau de soutien aux pilotes en difficultés, présenté comme le seul moyen de s’assurer « que les concernés ne veuillent plus se cacher, mais cherchent plutôt de l’aide en temps voulu » ; mais les contrôles aléatoires « qui mettent les pilotes en doute a priori » auraient selon le syndicat l’effet inverse, d’autant que la présence d’alcool ou de drogue chez le copilote n’a pas été avérée à ce jour. La Commission européenne va examiner les recommandations de l’AESA, en tenant compte des avis reçus d’autres sources, telles que le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses français (BEA) français qui a mené une enquête indépendante sur l'accident (voir son rapport préliminaire ici). Si des mesures législatives s'imposent, l’AESA sera invitée à élaborer des propositions concrètes, qui seront ensuite prises en considération dans les règlements de l'UE en matière de sécurité aérienne.