Le syndicat de pilotes SNPL France ALPA s’est indigné hier d’un « verdict injuste et inhumain » envers les pilotes français en République Dominicaine, où quatre hommes ont été condamnés vendredi à 20 ans de prison pour tentative de convoyage de 680 kg de cocaïne à bord d’un jet privé. Quatre Français, le pilote Pascal Fauret, son copilote Bruno Odos, le passager Nicolas Pisapia et l'homme d'affaires Alain Castany ont été condamnés à vingt ans de prison pour trafic de drogue vendredi à Saint Domingue, suite à leur arrestation en mars 2013 à l’aéroport de Punta Cana où les autorités du pays avaient trouvé 26 valises pleines de drogue à l’intérieur d’un Falcon 50. Les deux pilotes (et leurs compatriotes) ont passé quinze mois en détention provisoire, avant d’obtenir une liberté provisoire en juin 2014 avec impossibilité de quitter le territoire ; ils ont toujours clamé leur innocence, niant avoir eu connaissance de la nature de la cargaison, mais ont été reconnus « coupables du crime d'association en vue de [...] posséder des drogues illicites ». Ils ont immédiatement fait appel. Dix Dominicains étaient également jugés : six d’entre eux ont été acquittés, quatre autres condamnés avec des peines allant de 5 à 10 ans de prison. Dans son communiqué du 17 août 2015, le SNPL s’indigne du verdict infligé à Pascal Fauret et Bruno Odros « alors qu’ils exerçaient simplement leur métier de pilote de ligne ». Il explique que leurs défenseurs « ont pourtant démontré à la Cour que le vol était un vol commercial et que dans ce cadre, les pilotes, conformément aux règles internationales ne pouvaient être tenus pour responsables du contenu des bagages de leurs passagers ». Il a également été prouvé selon le syndicat que « la responsabilité du passage des bagages aux contrôles de sûreté avait été confiée par contrat à une société d’assistance aéroportuaire comme il est d’usage constant dans le transport aérien ». Enfin le procureur dominicain « n’a apporté aucune preuve à charge contre les pilotes qui ont eu pour seul tort d’exercer leur métier et de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment ». Malgré « tous ces éléments à décharge et l’absence totale de preuves à charge, nos deux collègues ont été condamnés à 20 ans de réclusion et laissés en liberté en attendant le procès en appel », un verdict « injuste et inhumain » qui indigne le SNPL. Ces deux pilotes « paient très cher l’incapacité de l’état Dominicain à assurer les contrôles de sûreté des bagages et des passagers qui sont pourtant de son seul ressort dans le cadre d’un vol commercial ». Si ces contrôles avaient été assurés correctement, assure le SNPL, « les bagages ne seraient jamais arrivés jusqu’à l’avion ». Le SNPL considère que « la sécurité juridique des pilotes et des équipages en général n’est pas garantie en République Dominicaine », et les incite donc « dès aujourd’hui à faire preuve de la plus grande circonspection dans la réalisation de ces vols ». Au-delà, le syndicat « réfléchit dès aujourd’hui aux mesures concrètes qui devront inévitablement être mises en œuvre pour assurer la sécurité des équipages programmés sur cette destination ».