Un dirigeant d’Airbus a confirmé qu’une version de l’A350-900 capable de relier Singapour à New York sans escale était en court de développement, visant une entrée en service dès 2018. Semblant répondre à la requête exprimée par la compagnie aérienne Singapore Airlines en juin dernier, Kiran Rao, vice-président exécutif Stratégie et Marketing chez l’avionneur européen, a confirmé le 17 aout 2015 à Bloomberg qu’Airbus planchait bien sur une version allégée de l’A350-900 via le réaménagement de la cabine – qui ne serait « pas aussi dense » que les 325 sièges en trois classes de la configuration standard. L’appareil permettrait alors de relier l’aéroport de Singapour-Changi à Newark-Liberty « en dépensant 25% de carburant en moins que son prédécesseur », en l’occurrence l’A340-500 que Singapore Airlines avait utilisé sur cette route jusqu’en novembre 2013. Le quadriréacteur était alors configuré pour accueillir 100 passagers en classe Affaires, et c’est vers ce genre d’aménagement que se dirigerait Airbus pour l’A350. Rao a insisté sur le fait que le nouvel avion pourrait être prêt dès 2018, soit « bien plus rapidement» qu’un produit équivalent que présenterait Boeing (qui pourrait pourtant imiter Airbus avec son 787-9). Et « d’autres compagnies» dont il ne précise pas les noms seraient intéressées par un appareil de ce type. Le PDG de la compagnie nationale singapourienne Goh Choon Phong avait demandé aux deux avionneurs de réfléchir à un avion qui lui permettrait de relancer des vols directs et rentables entre Singapour et les Etats-Unis, dont la disparition avait pesé lourd sur la présence de la compagnie sur l’autre rive du Pacifique. On rappellera au passage que Singapore Airlines a « libéré » sept créneaux de production d’A350-900, sur sa commande ferme de 70 appareils… air-journal_singapore airlines A340-500Le Singapour – Newark reste à ce jour la route commerciale la plus longue jamais exploitée, avec 15 344 kilomètres est un temps de vol moyen de 19 heures (et parfois plus de 20 heures) – mais la consommation de l’A340-500 l’avait rendu difficilement rentable. Ce qui ne serait plus un problème aujourd’hui vu le niveau des cours du pétrole ; relancer cette ligne avec le même appareil permettrait probablement à Singapore Airlines de faire de jolis profits. Reste le problème ETOPS : l’A350-900 est certifié ETOPS 370, c'est-à-dire qu’il peut officiellement voler avec un seul moteur en fonction pendant 6 heures et 10 minutes ou sur une distance de 4630 kilomètres dans des conditions météo standard. Airbus vise une certification ETOPS 420, de quoi pouvoir proposer des routes ultra-longues au-dessus du Pacifique si les passagers en supportent l’idée. Mais l’avionneur pourrait aussi travailler sur une version allégée ou plus puissante du quadriréacteur A380 (sans parler de l’A380neo), qui permet déjà à Qantas de relier Sydney à Dallas-Fort Worth en un peu moins de 17 heures… Bloomberg cite un analyste selon qui le vol ultra-long est un marché « de niche mais prestigieux ». Le seul appareil théoriquement capable aujourd’hui de relier Singapour à New York reste le 777-200LR (qu’Emirates Airlines déploiera entre Dubaï et le Panama, qui deviendra en février prochain la route la plus longue en activité ), mais cet appareil d’un rayon d’action de 17 400 km en aménagement standard tri-classe n’est plus fabriqué depuis 2014 – et sa consommation est sans comparaison avec celles des Dreamliner et autres A350. L’A350-1000 promet 15 600 km de rayon d’action, le 787-9 s’en approche avec 15 400 kilomètres, et l’A350-900 affiche 15 000 km dans les mêmes conditions. Un projet d’A350-900ER avait d’ailleurs été évoqué dès 2007 pour concurrencer le 777-200LR. air-journal_Airbus A350 MSN3 Singapour 2