Un tribunal de Manchester a jugé que les passagers disposaient de six ans pour demander des compensations après un vol retardé, et non deux ans comme souhaite l’imposer la compagnie aérienne low cost Ryanair. Le jugement rendu le 21 aout 2015 à Manchester s’appuie sur une directive européenne de 2004 (EC261/2004), qui portait justement à six ans le délai maximal laissé aux voyageurs pour demander des compensations – y compris les 600 euros imposés au-delà de trois heures de retard, sauf en cas de « circonstances exceptionnelles » comme la météo ou la sûreté des vols. Ryanair inclut dans ses conditions générales (celles qui ne sont quasiment jamais lues) un délai de deux ans maximum pour toute réclamation, mais le tribunal a jugé que la loi européenne l’emportait. La justice avait été saisie en janvier 2014 par six passagers d’un vol entre Barcelone-Reus et Londres, qui avait été retardé de près de dix heures en mars 2008, cinq ans et dix mois plus tôt. La low cost a immédiatement indiqué qu’elle fera appel du jugement, notant dans un communiqué que ce délai de six ans est « ni nécessaire ni raisonnable ». Mais sa colère était plutôt concentré sur les médias, la somme de 856 millions d’euros étant avancée par des avocats comme possible total des sommes dues si tous les passagers ayant souffert d’un retard se manifestaient. Ce total serait probablement de moins de 5 millions d’euros si son appel est rejeté, affirme Ryanair : elle cite ses propres statistiques selon lesquelles moins de 1% des vols ont des retards de plus de trois heures, et plus de 90% des demandes « valides » de compensations sont déposées dans les deux ans suivant le vol incriminé. Le nombre de plaignants encouragés par le verdict de Manchester serait donc extrêmement limité…