Compagnie tunisienne entièrement privée, lancée en 2011 dans la foulée du "printemps arabe" qui a chassé le Président Ben Ali, Syphax Airlines est aujourd'hui menacée de disparition. Elle a gelé tous ses vols vers et depuis la Tunisie depuis fin juillet, suite à sa suspension du BSP pour cause de factures impayées. Le 20 août, les autorités boursières annoncent le retrait de son titre de la bourse de Tunis en raison du manquement à ses obligations vis-à-vis de la réglementation boursière (absence de publication du bilan 2014, états financiers erronés du bilan 2013). Dans un long communiqué envoyé à la presse tunisienne ce lundi 24 août, Syphax Airlines fait le point sur sa situation désespérée, misant sur la loi relative au redressement des entreprises en difficulté financière pour obtenir une suspension des procédures de poursuite et d’exécution à son encontre : «Sans verser dans la démagogie, disons-le de prime abord, Syphax n’appartient ni à une personne, ni à une famille ni à un parti politique. Ceux qui s’acharnent aujourd’hui contre Syphax pour la mettre à genoux feignent d’ignorer cette réalité et feignent d’oublier qu’au-delà de son ou ses promoteur(s) Syphax, d’ailleurs au même titre que toute autre société tunisienne, est tout d’abord une richesse nationale ou, tout au moins, devrait être perçue comme telle. En effet, d’aucuns savent que la société Syphax Airlines a vu le jour après le 14 janvier 2011 dans une conjoncture économique des plus mauvaises qu’a connue la Tunisie depuis son indépendance, et ce, pour réaliser un triple objectif: donner une impulsion à l’économie vacillante du pays et surtout le sud du pays frappé de plein fouet par la politique de développement inégalitaire de l’ancien régime, offrir des postes d’emploi à pas moins de 250 personnes entre cadres et employés et dynamiser un marché boursier des plus moroses au lendemain du 14 janvier, en faisant coter la société sur le marché alternatif. La société Syphax Airlines a, également, opté pour un segment d’activités très compétitif mais également très sensible, en l’occurrence le transport aérien. Un secteur tributaire au plus haut degré de la stabilité politique tant à l’échelle nationale que régionale et internationale. Or, la Tunisie n’a pas été, ces toutes dernières années, épargnée des soubresauts d’une situation politique chaotique où le terrorisme qui a sévi avec une amplitude sans précédent, a été un facteur de déstabilisation déterminant. Le dernier événement majeur en date, en l’occurrence l’attentat de Sousse du 26 juin dernier, a asséné le coup de grâce au secteur névralgique qu’est le tourisme avec toutes les activités qui lui sont corollaires. La fermeture en cascade d’unités hôtelières un peu partout dans le pays en est une preuve patente. Syphax n’en a pas été épargnée. Loin de nous l’idée de nous dérober devant nos responsabilités, bien au contraire, nous allons certainement savoir défendre, pied à pied, la société ainsi que ses dirigeants et promoteurs, de façon appropriée et en temps opportun, devant toutes les allégations qui consistent à taxer ses dirigeants de conduire des manœuvres frauduleuses visant à tromper le public sur la véritable santé financière de la société. D’ores et déjà, il est nécessaire qu’il soit porté à la connaissance de l’opinion publique que les promoteurs de la société ainsi que ses dirigeants n’ont épargné aucun effort pour bien tenir le gouvernail de la société pour la mettre définitivement à l’abri des aléas de la conjoncture économique désastreuse et ce en injectant, dans la limite de leurs moyens, de l’argent frais. Mais faute de concours bancaire conséquent, les efforts fournis se sont avérés finalement insuffisants. Maintenant que Syphax a demandé à bénéficier des bienfaits de la loi relative au redressement des entreprises en difficultés économiques et a obtenu du tribunal une ordonnance visant à suspendre les procédures de poursuite et d’exécution à son encontre et particulièrement à nos avions, nous demandons humblement aux différentes parties concernées aussi bien publiques que privées qu’elles soient tunisiennes ou étrangères de donner toute leur amplitude à cette décision judiciaire et de permettre à Syphax, loin de toute politisation et loin de toute pression de quelque nature que ce soit, à envisager avec plus ou moins de sérénité les possibilités de son redressement afin de la préserver et de préserver les emplois des personnes qui en font partie.»