Le syndicat majoritaire des pilotes de la compagnie aérienne Air France estime qu’ils ne sont « pas privilégiés », et ne sait pas s’il signera les accords Perform 2020. Les négociations prendront fin demain. A la veille du dernier jour des négociations entre la compagnie nationale française et les organisations représentatives du personnel sur de nouveaux accords de compétitivité, tout semble de nouveau tourner autour des pilotes. Interrogé sur RTL le 28 septembre 2015, le président du SNPL Philippe Evain « ne sait pas » s’il va signer : il rejette en bloc les accusations portées contre les pilotes « privilégiés », ajoutant que 200 à 300 d’entre eux seraient prêts à quitter Air France « pour aller chez la concurrence ». Et s’il ne prononce pas le mot de complot, c’est tout comme : la direction « braque le projecteur » sur les pilotes pour mieux « cacher ce qui se passe en coulisse », en l’occurrence des arbitrages gouvernementaux « associés à Air France pour accentuer une décroissance de la compagnie ». Et d’évoquer l’octroi de droits de trafic aux compagnies du Golfe que regrettent les salariés, la concurrence étant « tellement déloyale que même un effort massif des pilotes n’y changerait rien ». Mais en dehors de ces outrances médiatiques de son président, le SNPL a développé des arguments intéressants dans un tract : le plan A, « présenté comme un plan vertueux, gagnant-gagnant », se résumerait comme les autres à une forte réduction de la voilure sur long-courrier, avec cinq lignes qui seront fermées à l’horizon 2017/18 « tel qu’indiqué d’ailleurs en CCE ». « L’attrition » apparaît finalement selon le syndicat comme la seule réelle stratégie de la Direction, avec pour conséquence la disparition de 200 emplois de pilotes, en plus des 500 déjà perdus depuis 2008. « L’idée communément répandue qu’un accord avec les pilotes empêcherait l’emploi d’être sacrifié est donc fausse à ce stade », affirme le SNPL, pour qui l’objectif poursuivi par la direction d’Air France à travers ces « négociations est donc, au mieux, de financer cette réduction de voilure sur le dos des pilotes, au pire de trouver le coupable idéal pour justifier des décisions prises de longue date ». La prochaine rencontre du SNPL avec la direction aura lieu mercredi. La situation n’est en outre guère meilleure en ce qui concerne les hôtesses de l’air et stewards : deux des trois syndicats représentatifs, le SNPNC et l'UNSA PNC, ne participent pas aux réunions de négociations. Les PNC devraient faire face à des efforts similaires à ceux des pilotes, passant de 550 à 650 heures par an sur moyen-courrier (+18,2%) et de 650 à 750 heures par an sur le long-courrier (+15%). Un steward de l’UNSA interrogé par France 2 soutient que ces augmentations de temps de travail reviennent à « jouer avec la sécurité des vols ». Sans mentionner le fait que les navigants de British Airways, Lufthansa et autres volent déjà bien plus longtemps que ceux d’Air France, sans pour autant avoir un plus mauvais palmarès en termes de sécurité… Rappelons les prochaines dates clés de la compagnie de l’alliance SkyTeam : le 1er octobre avec le conseil d’administration du groupe Air France-KLM, puis le 2 octobre avec celui d’Air France, et enfin le 5 octobre, avec un CCE extraordinaire durant lequel Air France présentera ses intentions. La majorité des syndicats ont déjà prévu une journée d’action pour ce même 5 octobre. Et certains affirment que quel que soit le plan choisi par la direction, cette date ne marquera que le début des vraies négociations…