Les enquêteurs de la police aux frontières (PAF) auraient identifié, ou seraient sur le point de le faire, 26 employés de la compagnie aérienne Air France impliqués dans les incidents de lundi lors du CCE consacré au plan de restructuration Perform 2020. Selon le quotidien Le Parisien, la plupart de ces salariés seraient affectés à la maintenance et au sol, dont douze « estampillés CGT et FO » sans que l’on sache s’ils sont effectivement membres de ces syndicats ; d’autres sources parlant de dix personnes identifiées dans l’enquête interne comme « ayant un mandat syndical » par des membres de la direction. Deux pilotes sont accusés d’avoir facilité l’accès des manifestants aux bureaux d’Air France où se tenait le Comité Central d’Entreprise le 5 octobre 2015, lors duquel plusieurs membres de la direction ont été agressés. Une femme ayant aveuglé une caméra de surveillance, d’abord présentée comme une hôtesse de l’air, serait en fait employés au sol. Mais seuls trois salariés sont accusés d’avoir pris part à ces agressions. La direction d'Air France a rappelé hier des sanctions disciplinaires seront prises, pouvant aller jusqu'au licenciement. Et si des plaintes ont été déposées, la perspective de sanctions pénales semble elle beaucoup plus éloignée : la grande majorité des cas de violence au sein de l’entreprise ont été suivis par un abandon des poursuites judiciaires. Le syndicat d’hôtesses de l’air et stewards SNPNC est monté au créneau hier pour dire « non au gouvernement actionnaire et non au diktat de la Direction ». Il dénonce dans un communiqué les propos du Premier Ministre Manuel Valls mardi au siège d’Air France, « définissant l’Etat comme un actionnaire d’Air France et non comme un défenseur des emplois français au moment où des millions de nos compatriotes connaissent une grande précarité ». Pour le SNPNC, le gouvernement est « très réactif lorsqu’il s’agit de sanctionner des salariés désemparés, mais d’une inactivité coupable lorsqu’il s’agit de soutenir le Transport aérien français qui se bat à la fois contre des compagnies low-cost qui minent notre économie, et des compagnies du Golfe subventionnées à coups de milliards par leurs Etats respectifs ». Le syndicat exhorte donc Manuel Valls à « intervenir pour donner à Air France les moyens pour se battre à armes égales contre cette multiple concurrence ». Mais la colère du syndicat est aussi à l’encontre de la stratégie de la Direction d’Air France, « tournée exclusivement contre ses salariés qu’elle désigne à la vindicte de l’opinion, et contre leurs Représentants à qui elle fait porter la responsabilité des difficultés d’Air France, alors que dans le même temps le PDG du Groupe Air France/KLM très sensiblement sa rémunération » (un argument faux comme l’explique fort bien Libération). Le SNPNC affirme enfin qu’il ne peut être question de reprise du dialogue social pour la simple raison que celui-ci n’a toujours pas commencé, la Direction « n’envisageant la négociation que comme un simple diktat, les Organisations syndicales ne se voyant offrir comme fonction que d’accepter les dégradations sociales successives ». Le syndicat ne commente en revanche pas le remplacement prévu de longue date au poste de Directeur des relations humaines d’Air France de Xavier Broseta (l’un des agressés lundi, qui assumera les mêmes fonctions au sein d’Air France-KLM) par Gilles Gateau, directeur de cabinet adjoint du Premier Ministre. Si ce remplacement ne sera officiellement effectif que début janvier, l’obligatoire période de transition pourrait voir le nouveau venu participer aux discussions, voire négociations qui ne manqueront pas de prendre place au sein d’Air France d’ici la fin de l’année. Les mesures annoncées lundi ne prendront effet qu’à partir de 2016. Rappelons qu’Air France a confirmé la restructuration de son réseau long-courrier, avec baisse de capacité de 10% d’ici 2017, fermeture de 5 lignes et réductions de fréquences. Sur les seules années 2016 et 2017, la réduction des investissements liée à ces décisions pourrait atteindre jusqu’à 200 millions d’euros. Mais cette baisse d’activité génèrera un sureffectif estimé à 2 900 personnes, dont environ 300 pilotes, 900 Personnel Navigants Commerciaux et 1 700 personnels au sol. Dans les secteurs où les concertations/négociations permettent d’atteindre les objectifs de Perform 2020, l’adaptation des effectifs se fera sous la forme de départs volontaires. Dans les autres secteurs, le recours aux départs contraints ne pourra être exclu.