Cinq des six employés de la compagnie aérienne Air France interpellé hier étaient toujours en garde à vue cette nuit, soupçonnés d’avoir participé aux violences lors du CCE la semaine dernière. Pendant ce temps, les discussions entre la direction et les syndicats se poursuivent pour tenter d’éviter, ou au moins adoucir le Plan B de Perform 2020. Les manifestants arrêtés le 12 octobre 2015 dans la région parisienne ont été identifiés sur des images vidéo et de vidéosurveillance, ainsi que sur la base de témoignages. Cinq seraient selon Le Figaro des employés de la branche cargo et d’Air France Industries (maintenance), France Info croyant savoir que cinq d’entre eux sont membres de la CGT. Le syndicat n’a pas confirmé mais parle d’une « tentative d’intimidation » et d’une « volonté de museler un peu tout le monde ». Poursuivis pour violences volontaires en réunion, dégradations et entrave au déroulement du CCE, ils risquent jusqu’à cinq ans de prison sur le papier – une peine qui ne sera bien sûr jamais prononcée. Une vingtaine de salariés auraient été convoqués par la direction pour des entretiens préalables avant des sanctions qui pourraient aller du blâme au licenciement. On ne s’étendra pas sur les réactions politiques, allant sans surprise du « on arrête des salariés chez eux et que l'on communique sur cette arrestation comme s'il s'agissait de terroristes ou de dangereux criminels » (Eric Coquerel, proche de Jean-Luc Mélenchon) à « je ne vais pas pleurer. La police fonctionne comme ça avec tout le monde, y compris avec les responsables politiques » (François Fillon). Pendant ce temps, la reprise des discussions entre direction et syndicats se confirme, en présence du PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac. Après les pilotes vendredi, c’étaient au tour hier des représentants d’hôtesses de l’air et stewards. Interrogée par Libération, Flore Arrighi de l’UNAC explique cependant que ces discussions seront limitées dans le temps : la direction « réclame un accord d’ici à la fin de l’année, faute de quoi « elle entamera le processus de plan de sauvegarde de l’emploi à partir de janvier ». Autres représentants des PNC, le SNPNC et l’UNSA (selon qui « on est à l’os ») seront reçus mercredi. Tous les syndicats ont le même objectif : éviter le fameux Plan B, qui prévoit en cas d’échec des négociations 2900 suppressions de postes et des coupes sombres dans l’activité long-courrier pendant les deux prochaines années… L’Etat enfin pourrait jouer son rôle d’actionnaire en suspendant la taxe Chirac, qui coûte à Air France quelques 60 millions d’euros par an. Les syndicats intercatégoriels FO, UNSA et CGT (respectivement 2e, 3e et 4e organisations à Air France) ont demandé au gouvernement dans un communiqué commun de nommer « sans plus attendre » un représentant pour « trouver des solutions au blocage social » à Air France. Ils réclament que ce représentant ait « mandat pour dresser d’autres perspectives que celle de l’attrition de l’activité Air France », et préviennent qu’ils ne se contenteront pas d’un simple médiateur. « Le gouvernement ne pourra échapper à un débat politique sur le transport aérien français aujourd’hui en danger de mort », ajoutent-ils. Ironie ou pas, Air France a publié hier un communiqué vantant les trophées récoltés à l'occasion de la cérémonie des Top/Com Grands Prix Consumer 2015 : Air France a remporté deux Top/Com d'Or venant récompenser sa nouvelle campagne publicitaire « France is in the Air », lancée en mars 2014, dans les catégories "stratégie de communication" et "stratégie pluri-médias". HOP! Air France a également reçu le Top/Com d'Or dans la catégorie "stratégie média" pour sa campagne nationale « Pour vous faire préférer l'avion », lancée en mai 2015.