Un syndicat suisse accuse la compagnie aérienne Etihad Regional, ex Darwin Airlines, de multiples maux parmi lesquels des salaires trop bas, des vacances distribuées au compte-goutte ou la surcharge générale de travail. Ce que la compagnie nie catégoriquement. Le Syndicat des Services Publics (SSP), groupe Trafic Aérien, la principale organisation des travailleurs du transport aérien en Suisse, affirme dans son communiqué du 13 octobre 2015 avoir été rejoint par de nombreux pilotes d’Etihad Regional. Et égrène une longue liste de griefs : « les salaires des pilotes sont les plus bas de la branche, se situant entre 55 000 et 95 000 francs par année pour un plein temps ». Depuis 2011, rappelle le SSP, « la direction a décidé unilatéralement de baisser les salaires et le traitement du personnel de presque 11% ainsi que du gel des salaires. Mesures destinées à être temporaires mais qui perdurent encore ». Un pilote déclare d’ailleurs dans la Tribune de Genève être « moins bien payé qu’une hôtesse easyJet ». Les vacances « sont accordées au compte-gouttes. Le dispositif légal, à savoir l’octroi des vacances en cours d’année et un délai de 3 mois minimum pour la confirmation des vacances n’est jamais respecté », accuse le syndicat, pour qui « la surcharge du travail et la fatigue sont récurrents atteignant de tels degrés que des évènements graves sont à craindre. Les rythmes du travail sont la cause de la fatigue, la maladie et la démotivation de l'équipage ne laissant pas de place pour une vie privée et familiale ». Etihad Regional « exige du personnel de fournir ses outils de travail comme les ordinateurs, le nettoyage des uniformes, les chaussures de travail, le bagage, etc », poursuit le communiqué, « et l’intimidation et le harcèlement moral sont la culture de la direction ». Un style de gestion qui « oblige les pilotes à enfreindre les règlements de peur de perdre leur emploi et en conséquence des problèmes de sécurité potentiels ». Selon le SSP Trafic Aérien, l’intransigeance de l’employeur a conduit le personnel à engager des mesures de lutte. Les négociations sont à présent rompues, et si la direction d’Etihad Regional « s’obstine à piétiner les droits du personnel, d’autres mesures de combat seront engagées par le personnel ». Dans un communiqué publié le jour même niant toutes ces accusations, le CEO d’Etihad Regional Maurizio Merlo a déclaré que sa compagnie « est fiable et est engagée dans un dialogue constructif avec ses employés et les syndicats, et est toujours pleinement disponible pour discuter des améliorations concernant le bien-être de leur personnel, en particulier, celle de leurs pilotes et de l’équipage ». La société, « dans le plein respect des questions de confidentialité et de discrétion concernant notre personnel, a demandé au syndicat de fournir des preuves à une représentation légale, et de préciser les questions qui étaient en discussion ». Pendant une première rencontre en septembre 2015, « les deux parties ont convenu de mettre en place des rencontres de suivi, et de définir clairement les sujets à discuter dans chaque réunion. Le processus convenu n’a pas été respecté par Mr. Pouranpir (qui signe le communiqué NDLR), qui a refusé toute discussion avec la compagnie aérienne et a également omis de fournir une procuration signée qui vérifie sa position comme représentative d’un nombre défini d’employés. Cela viole clairement les procédures de négociation standard, nécessaire de réglementer la négociation entre l’employeur et les syndicats, et d’assurer le meilleur résultat possible pour les deux parties. La société, par conséquent, condamne ce comportement et les déclarations faites à la presse par Mr. Pouranpir, conçus pour discréditer à la place de l’amélioration ». Etihad Regional ajoute avoir rapporté au Secrétaire Général du syndicat SSP les problèmes évoqués ci-dessus, et répète le message : les accusations portées dans le tract, « que certains pilotes n’ont pas reçu », sont fausses. La société nie également que les pilotes dépassent le total d’heures de vol annuelles, qui sont tous en dessous du maximum annuel standard. Le CEO ajoute que « nous sommes en pleine conformité avec toutes les règles et règlements. À cet égard, la société est entièrement certifiée IOSA (IATA Operational Safety Audit), conçu pour garantir que toutes les opérations sont dans le plein respect des normes de sécurité de l’industrie, vérifiées et certifiées régulièrement par L’OFAC (Office fédéral de l’aviation civile) ». Rappelons qu’Etihad Airways détient depuis l’année dernière 33,3% des parts de Darwin Airlines SA, qui opère sous la marque Etihad Regional. Mais elle souffre de la concurrence de Swiss, contre laquelle elle avait d’ailleurs déposé plainte devant la Commission de la concurrence (COMCO) pour « comportement abusif et anticoncurrentiel » en décembre dernier. Raisons de son courroux : fin sans raison du contrat vieux de presque dix ans de wet lease des avions de Darwin Airlines sur la route entre les aéroports de Zurich et Lugano, remplacement de ce contrat par un autre avec Tyrolean Airways (filiale d’Austrian Airlines et donc de Lufthansa, elle-même propriétaire de Swiss et membre comme elle de Star Alliance, NDLR) qui utilise des avions étrangers, fin de l’accord interligne signé entre Darwin et Swiss, et fin de l’accord permettant en cas d’annulations de vols aux passagers de Darwin Airlines d’être replacés sur les avions de la compagnie nationale. Enfin elle reprochait à Swiss de « prendre pour cible son réseau » en lançant de nouvelles liaisons répliquant les siennes, y compris sur des routes qu’elle n’avait jamais opérée.