La compagnie aérienne Delta Air Lines a acheté six paires de créneaux de vol à l’aéroport de Londres-Heathrow à Air France-KLM, qui les lui louait déjà. Et elle envisage d’acheter de nouveaux avions long-courrier d’occasion, une « bulle » faisant baisser leurs prix de façon régulière. Alors qu’elle annonçait des résultats trimestriels record, avec un bénéfice avant impôt en hausse de 33% à de 2,2 milliards de dollars, la compagnie américaine a dévoilé l’opération de rachat concernant le premier aéroport européen. Delta Air Lines précise dans son communiqué du 14 octobre 2015 que ces six paires de slots, achetés à son partenaire de coentreprise transatlantique, vont augmenter sa capacité à « apporter la continuité et la stabilité à long terme dont a besoin le réseau opéré depuis Londres avec son partenaire Virgin Atlantic », dont elle est aussi actionnaire. Elles proposent ensemble à ce jour 23 vols quotidiens entre Londres et les Etats-Unis (14 routes pour la seule Delta), un marché « autrefois dominé par un unique opérateur ». Le montant de la transaction n’est pas précisé. Les résultats financiers de la compagnie de l’alliance SkyTeam pour le trimestre se terminant fin septembre sont marqués par « un record historique pour l’industrie », avec un bénéfice avant impôt de 2,2 milliards de dollars. Et même si le chiffre d’affaires opérationnel est en léger recul de -0,6% et les revenus unitaires en baisse de 4,9% (dont 2,5% liés aux effets de change), la facture carburant a elle été réduite de 1,1 milliard de dollars par rapport au 3e trimestre 2014 et la marge opérationnelle gagne cinq points à 21%. Pour le CEO Richard Anderson, cela résulte d’une « demande qui reste solide et d’une baisse des prix du carburant, malgré la volatilité actuelle et l’incertitude régnant sur la situation mondiale ». « C’est un honneur de récompenser le dur labeur des 80 000 employés de Delta, dont la participation aux profits dépasse déjà un milliard de dollars depuis le début de l’année », a-t-il précisé. Les hausses de capacité l’année prochaine resteront cependant limitées à entre zéro et 2%, ajoute le président Ed Bastian. Mais le CEO a aussi évoqué le sujet du prix des avions, qui serait l’objet selon lui d’une « bulle » liée au nombre d’appareils en particulier long-courrier disponibles sur le marché de l’occasion. Il s’attend donc à ce que les prix baissent, mais aussi à ce que cette bulle s’étende au marché des monocouloirs. Delta Air Lines, qui achète déjà des avions de seconde main (les 717 par exemple), pourrait ainsi se retrouver devant des « opportunités d’achat » une fois que ce marché sera mûr. Il a cependant refusé de spécifier quels appareils étaient visés, se contentant de dire qu’aucun contrat n’a été signé ou n’est prévu d’ici deux ou trois ans, même si « il n’y a pas beaucoup de gens dans le monde qui peuvent prendre une douzaine de Boeing 777 ». Les analystes estiment qu’au rythme actuel de production, l’avionneur américain doit engranger environ 200 commandes de Triple Sept d’ici 2020 et l’entrée en service du 777X : la génération actuelle de 777 n’en a enregistré que 34 depuis le début de l’année, contre 63 l’année dernière et 134 en 2011. Airwise cite un expert d’Ascend selon qui le prix du 777-200ER a baissé de 20% , la chute de la demande affectant également certains Airbus A330 (dont le rythme de production a déjà baissé en attendant l’arrivée de l’A330neo). L’analyse de M. Anderson ne fait d’ailleurs pas l’unanimité.