Le trafic de la compagnie aérienne Air France devrait être normal ce jeudi, des retards étant cependant possibles en raison d’un appel à la grève lancé par des syndicats du personnel au sol pour permettre à leurs membres de prendre part à une manifestation à Paris. Les détails du plan de restructuration menaçant quelques 2.900 postes y seront dévoilés aujourd’hui lors d’un Comité Central d’Entreprise, alors que les négociations sur Perform 2020 continuent – même si le SNPL dénonce la décision de la FNAM de suspendre sa participation aux négociations sur la convention collective des pilotes de ligne. Air France précise dans un communiqué qu’un mouvement social « à l'appel de certains syndicats du personnel au sol » est annoncé ce jeudi 22 octobre 2015, mais qu’elle prévoit d’assurer son programme de vols ; toutefois « quelques retards restent possibles dans nos escales françaises ». Elle recommande donc à ses clients de vérifier les informations de leurs vols avant de se rendre à l’aéroport, sur son site internet dans la rubrique « Les horaires en temps réel », et de privilégier l’enregistrement en ligne. Un message similaire a été délivré par sa filiale régionale HOP! Air France. Des préavis de grève ont en effet été déposés par les syndicats CGT, FO, Sud Aérien et UNSA, limités à certains aéroports et certains corps de métier, afin de permettre à leurs membres d’assister au rassemblement prévu devant l’Assemblée nationale pour protester contre le Plan B de Perform 2020. Pilotes et PNC devraient également y prendre part. Air France avait déjà annoncé les grandes lignes de ce plan B : la baisse d’activité dans le long-courrier « génèrera un sureffectif estimé à 2 900 personnes, dont environ 300 pilotes, 900 Personnel Navigants Commerciaux et 1 700 personnels au sol. Dans les secteurs où les concertations/négociations permettent d’atteindre les objectifs de Perform 2020, l’adaptation des effectifs se fera sous la forme de départs volontaires. Dans les autres secteurs, le recours aux départs contraints ne pourra être exclu ». Près de 1000 postes doivent déjà être supprimés pour l’année prochaine ; les détails seront présentés ce jeudi lors d’un nouveau Comité d’Entreprise Extraordinaire (CCE), qui se tiendra à Paris et non à l’aéroport de Roissy où une manifestation avait dégénéré le 5 octobre dernier. Rappelons que suite à ces incidents, cinq employés comparaitront le 2 décembre devant le tribunal de Bobigny pour violences volontaires et onze pour dégradations. Leurs collègues ont lancé deux opérations de crowdfunding sur les plateformes lepotcommun.fr et sur leetchi, qui avaient ce matin récolté plus de 28 000 euros ; l’argent doit être reversé à leurs familles. aj_pilote_air-france2Le syndicat majoritaire de pilotes SNPL France ALPA a de son côté publié hier un communiqué « regrettant profondément » la décision de la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande (FNAM) de suspendre sa participation « aux négociations visant à la conclusion d’une Convention Collective Nationale pour les pilotes de ligne ». Une décision qui intervient selon le syndicat « alors que la compagnie Air France, principal acteur de la fédération patronale concernée, prône un retour à la négociation apaisée avec les pilotes », et « alors que s’ouvre la conférence sociale au niveau national » ; le SNPL déclare que la FNAM « quitte la table de négociations sur un sujet fondamental pour les pilotes de ligne français et pour l’avenir de notre secteur d’activité. Les négociations sont de facto interrompues ». Et d’affirmer que « malgré des engagements écrits de la FNAM, la fédération a décidé de faire porter sur les pilotes une responsabilité qui n’est pas la leur, indiquant que cette politique de la chaise vide était motivée par le manque d’engagement de l’État sur les mesures de soutien au secteur ». Sur ce plan, le SNPL France ALPA explique qu’il partage avec les patrons de l’aérien, comme avec le député Bruno Le Roux, le souhait que l’État prenne enfin sa part dans les efforts de restauration de la compétitivité du pavillon français du transport aérien ; mais il « ne peut pas comprendre que les patrons de l’aérien utilisent les pilotes français comme variable d’ajustement dans leurs discussions avec les pouvoirs publics ». Le président du SNPL France ALPA Erick Derivry appelle donc à l’organisation d’États Généraux du Transport Aérien, et demande à la FNAM de « reprendre le chemin du dialogue social dans le cadre de la Convention Collective Pilotes ».