Un expert de la sûreté aérienne a revendiqué l’organisation de l’évasion des deux pilotes français impliqués dans un trafic de drogue en République Dominicaine. Le syndicat SNPL dit comprendre leur volonté de s’en remettre à une « véritable justice », tandis que le gouvernement rappelle qu’il ne pratique pas l’extradition de ses propres citoyens. Interrogé par RTL le 29 octobre 2015, Christophe Naudin a revendiqué la « partie opérationnelle » de la fuite la semaine dernière de Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés à 20 ans de prison à Punta Cana après la découverte de 680 kilos de cocaïne dans 26 valises chargées à bord de leur Falcon 50. « C'était une opération de sauvetage de deux personnes condamnées à mort si elles étaient restées sur place », a-t-il justifié, expliquant ensuite qu’il avait prévu quatre scénarios pour leur « extraction », et finalement retenu le dernier. M. Naudet précise qu’il se trouvait à bord du bateau qui a accueilli les deux pilotes partis en « excursion touristique », et les a emmenés à Saint Martin. De là selon France 2, les deux pilotes auraient embarqué à bord d’un vol de la compagnie aérienne Air Caraïbes à l’aéroport de Saint Martin-Grand Case en direction de Fort-de France, puis utilisé Corsair International pour rentrer vers Paris (selon M6 ce dernier trajet s’est déroulé sur Air France). M. Naudet précise qu’une « dizaine de personnes » ont participé à l’opération, parmi lesquelles « beaucoup d’anciens marins et quelques militaires (…) du corps de l’aéronautique » ; il affirme ne pas savoir si des membres des services secrets français se trouvaient parmi eux, et qu’il n’y a « pas eu a priori de fraude documentaire » quand RTL l’interroge sur l’utilisation de faux papiers (M6 encore croit savoir le contraire). Enfin il déclare que l’ensemble de l’opération aurait coûté « un peu moins de 100 000 euros », un financement géré par « d’autres personnes ». Pascal Fauret et Bruno Odos ont de nouveau reçu le soutien du syndicat de pilotes SNPL France ALPA, qui explique dans un communiqué « avoir appris qu’ils avaient quitté la République Dominicaine pour rejoindre la France » et s’en remettre « à une véritable justice ». « Parce qu’ils clament leur innocence depuis le début de cette affaire, parce qu’ils ont été soumis à une parodie de justice en République Dominicaine, il est parfaitement compréhensible qu’ils veuillent s'expliquer devant une justice impartiale et échapper à une condamnation orchestrée », déclare le syndicat selon qui « force est en effet de constater que la justice Dominicaine n'a même pas été capable de reconnaître le caractère commercial du vol (…) malgré les preuves versées au dossier ». Le SNPL rappelle qu'en vertu des conventions internationales, la fouille des bagages des passagers est de la responsabilité exclusive des États et qu'en aucun cas les pilotes d'un vol commercial ne peuvent être tenus pour responsables du contenu des bagages de leurs passagers. Et « à toutes fins utiles, que nos deux collègues étaient dans l’exercice de leurs fonctions de pilotes, salariés d’une entreprise qui leur a confié un vol à réaliser et, en aucun cas, dans le cadre d’une initiative privée ». S’étonnant de « la confusion orchestrée par certains entre les responsabilités qui incombent à des pilotes exécutant un vol pour le compte de leur employeur et les accusations qui pèsent sur les donneurs d’ordre, commanditaires du vol », le syndicat considère que ces pilotes et collègues « ont maintenant le droit d’être écoutés par la justice française et veillera, dans ce cadre, à ce que les dispositions en matière de responsabilités juridiques d'un commandant de bord sur le contenu des bagages transportés soient appliquées ». Interrogé sur le mandat d’arrêt international émis par la République Dominicaine, le porte-parole du gouvernement Stéphane Foll a de son côté rappelé que « La France appliquera les règles de droit. Nous n’extradons pas des citoyens français lorsqu’ils sont sur notre sol ». Avant de préciser que La France « défend partout les droits et ses concitoyens. Elle est dans tous les pays du monde pour apporter le soutien juridique, psychologique nécessaire à tous nos citoyens qui peuvent être confrontés à des difficultés, voire à la justice de certains pays. C’est la règle partout et elle ne changera pas ». Outre les deux pilotes français impliqués dans le trafic de drogue, deux autres Français ont été eux aussi condamnés à 20 ans de prison ; l’homme d’affaires Alain Castany et le passager Nicolas Pisapia sont toujours en liberté conditionnelle à Punta Cana, dans l’attente de leur procès en appel. Quatre Dominicains ont également été condamnés à des peines entre cinq et dix ans de prison.