Le gouvernement provincial du Québec va investir 1 milliard de dollars dans le programme CSeries de Bombardier, tandis qu’au Japon le MRJ de Mitsubishi devrait effectuer son premier vol la semaine prochaine. Annoncé le 29 octobre 2015, le protocole d’accord entre l’avionneur canadien et la province prévoit la création d’une société en commandite (SEC), dans laquelle un « investissement stratégique » du gouvernement provincial à hauteur de 1 milliard de dollars américains permettra au Québec de détenir « une participation de 49,5 % dans la nouvelle société via Investissement Québec, dont Bombardier détiendra 50,5% des parts ». La contribution de Bombardier comprendra notamment le transfert dans la SEC de quelque 1700 employés, des contrats de fournisseurs et de clients, ainsi que « des actifs et des propriétés intellectuelles nécessaires pour poursuivre les activités de conception, de fabrication et de commercialisation des avions biréacteurs CS100 et CS300 ». « Par cet investissement stratégique, nous contribuerons au développement d'un avion aux caractéristiques uniques, qui fait déjà l'objet d'une attention particulière à l'échelle internationale. Grâce à ce partenariat, nous retirerons des bénéfices de la société en commandite, et ce, au profit de la collectivité. Cet investissement stratégique assurera également la pérennité de l'ensemble des activités liées à la CSeries au Québec pour une période d'au moins vingt ans », a déclaré le ministre de l’économie du Québec Jacques Daoust. Deux versements de 500 millions de dollars américains chacun seront faits respectivement le 1er avril et le 30 juin 2016. De plus, le gouvernement recevra 200 millions de bons de souscription d'actions, soit 100 millions de bons lors de chaque déboursé. Chacun donnera le droit au gouvernement d'acheter une action classe B de Bombardier à un prix d'exercice correspondant à l'équivalent, en dollars US, de 2,21 $ CA par action sur une période de cinq ans. Cet investissement stratégique inédit dans le secteur aérospatial s'inscrit dans le nouveau modèle d'affaires « l'État partenaire » et non pas « l'État subventionnaire », explique le gouvernement québécois. Il s'agit d'une relation « gagnant-gagnant » puisque le gouvernement du Québec intervient comme investisseur et, à ce titre, peut escompter obtenir un rendement approprié. L’emploi est évidemment concerné par cet investissement : Bombardier s’est engagé à conserver pendant 20 ans dans la province de Québec, en particulier au centre de Mirabel dans la banlieue de Montréal, le siège social de la nouvelle société ainsi que les activités du programme CSeries. Sur les 65 000 employés de Bombardier, plus de 17 000 le sont au Québec – sans compter les sous-traitants. Rappelons qu’à ce jour le programme a enregistré 243 commandes fermes pour les deux modèles, plus 360 options. air-journal_MRJ roulage essaiAu Japon, Mitsubishi Regional Aircraft a annoncé avoir obtenu du gouvernement le feu vert pour le décollage de son MRJ, désormais programmé pour la semaine prochaine. Le MRJ90, premier appareil commercial construit au Japon depuis plus de 40 ans, s’envolera de l’aéroport de Nagoya pour une sortie d’environ une heure. En attendant, des tests de roulage à grande vitesse se poursuivent. Propulsée par des moteurs Pratt&Whitney PurePower, la famille de biréacteurs régionaux MRJ (dont le rollout a eu lieu en octobre 2014) a enregistré à ce jour 407 commandes dont 223 fermes ; la première livraison est attendue au deuxième trimestre 2017. La compagnie de lancement All Nippon Airways (ANA) a acheté 15 MRJ90 (plus 10 en options) ; ce modèle pouvant embarquer entre 86 et 96 passagers a enregistré l’intégralité des commandes fermes, dont cent pour la compagne américaine SkyWest ou 32 pour Japan Airlines, alors que le petit frère le MRJ70 n’en compte toujours aucune. Les rivaux du MRJ sont les E-Jets d’Embraer, le SSJ100 Superjet de Sukhoi et le futur ARJ-21 de Comac.