Les services de renseignement britanniques et américains accréditent de plus en plus la thèse d’une bombe placée à bord de l’avion de la compagnie aérienne Metrojet qui s’est écrasé samedi dans le Sinaï, tuant les 224 personnes à bord. Le Royaume Uni a suspendu tous les vols à l’aéroport de Charm el-Cheikh, suivi immédiatement par l’Irlande, bloquant sur place des milliers de touristes. Le porte-parole du Premier ministre David Cameron a expliqué le 4 novembre 2015 qu’un engin explosif « pourrait être à l'origine » de l’accident de la compagnie charter russe. « A la lumière de nouvelles informations » mais sans être en mesure de « dire catégoriquement » ce qui a causé le crash, Londres a donc décidé de suspendre tous les vols entre l’aéroport de Charm el-Cheikh, d’où était parti le vol 7K-9268 à destination de Saint Petersburg, et le Royaume-Uni. Des experts britanniques sont partis vers la ville égyptienne pour y analyser les mesures de sécurité prises à l’aéroport ; ils devraient présenter leur rapport ce matin. Se basant sur la décision de leur voisin, l’Irlande a également suspendu les vols vers l’aéroport du Sinaï. La low cost easyJet a immédiatement confirmé avoir annulé les deux vols prévus hier soir, et ceux de ce jeudi à Charm el-Cheikh : deux au départ de Londres-Gatwick, un depuis Londres-Stansted, un depuis Londres-Luton, un depuis Manchester et un depuis Milan-Malpensa. La reprise des vols dépendra des instructions du gouvernement, précise-t-elle, « « la sécurité des passagers et des équipages étant sa plus haute priorité ». Des chambres d’hôtels ont été mises à la disposition des passagers bloqués sur place, et les voyageurs ayant réservé des vols vers la station balnéaire dans les 15 jours à venir peuvent demander un remboursement ou modifier leurs réservations. Des rotations étaient également planifiées ce jeudi à Charm el-Sheikh depuis la Grande Bretagne par British Airways, Monarch Airlines, Thomas Cook Airlines et Thomson Airways, cette dernière y proposant aussi un vol depuis Dublin. Aux Etats-Unis, autre pays pas directement impliqué dans l’enquête sur le crash de Metrojet, CNN explique que selon les dernières informations des services de renseignement, il est « plus que probable » qu’une « bombe posée par l’EI ou ses affiliés » soit responsable du crash de Metrojet, même si « aucune conclusion formelle » n’a été atteinte sur le sujet. La source anonyme précise que ce sentiment est dû à l’examen de tous les renseignements accumulés « avant et depuis » l’accident, avec un « regain d’activité dans le Sinaï » ; mais elle reconnait aussi que les Etats-Unis ne possèdent aucune information crédible et vérifiable spécifique au crash. La branche du Sinaï de l'EI a réaffirmé hier être à l'origine de la catastrophe, après avoir immédiatement revendiqué l’attentat, tout en refusant de dire de quelle façon elle avait procédé. « Ce n’est pas à nous de faire la preuve » du dispositif employé pour faire s’écraser l’A321, affirme un communiqué, précisant qu’il livrera « en temps voulu » la démonstration de son action. L’Egypte et la Russie avaient rejeté la première revendication, parlant de simple « propagande ». Un employé du BEA a déclaré hier à CNN qu’il n’était « pas possible » que les informations britanniques viennent des enquêteurs, ceux-ci n’ayant pas terminé l’examen des boîtes noires de l’Airbus A321 de Metrojet. « Aucune donnée n’a encore été récupérée » de l’enregistreur des voix du cockpit (CVR) ou de celui des données de vol (FDR), précisait-il la nuit dernière. Le Ministère de l’aviation civile égyptien affirmait hier que le CVR avait été endommagé, mais que les données du FDR avaient été « extraites et validées ». L’agence Tass en Russie a de son côté cité des « experts russes et égyptiens » selon lesquels aucune blessure n’a pour l’instant été identifiée comme correspondant à une explosion lors de l’examen préliminaire des corps rapatriés à Saint Petersburg. Le premier des 33 corps identifiés à ce jour a été remis hier à ses proches selon Tass. L’avion transportait 214 passagers dont 25 enfants et sept membres d’équipages, parmi lesquels 209 Russes, quatre Ukrainiens, un Biélorusse – la nationalité de quatre personnes n’a pas été clairement établie.