Plus de 10 000 touristes ont été rapatriés ce weekend depuis l’aéroport de Charm el-Cheikh, principalement des Russes et des Britanniques, alors que les raisons du crash de la compagnie aérienne Metrojet sont désormais considérées de façon quasi-certaine comme étant d’origine terroriste. Quelques 44 avions vides ont été envoyés par la Russie vers la station balnéaire dans la péninsule égyptienne du Sinaï, afin de procéder au rapatriement de 78.000 touristes qui se trouvaient sur place le 31 octobre 2015 quand l’Airbus A321 de la compagnie charte russe s’est écrasé, tuant les 224 personnes à bord. Plus de 11 000 auraient été transportés samedi selon le vice-Premier ministre Arkady Dvorkovitch, et dimanche devait être encore plus chargé. Il a confirmé que tous voyagent sans bagages enregistrés en soute, un avion cargo ayant décollé hier de Hurghada avec 30 tonnes de valises diverses. Côté britannique, seconde nationalité représentée à Charm el-Cheikh, environ 5000 touristes ont réussi à rentrer chez eux jusqu’à hier soir, sur les 20.000 présents au moment du crash. Si le gouvernement a interdit tous les vols dès la semaine dernière, cette interdiction a été levée vendredi. La low cost easyJet par exemple assure des vols supplémentaires de rapatriement, dont deux opérés dimanche lui ont permis de transporter 445 passagers vers Londres-Luton ; « environ 2650 clients » étaient toujours à Charm el-Cheickh hier soir. L’ambassade de Grande Bretagne au Caire a précisé que les touristes n’étaient « pas évacués », mais qu’il s’agissait simplement de rattraper les retards dus à l’interdiction de vol de la semaine dernière. Parmi les autres nationalités affectées, on retiendra les mesures prises par Alitalia à l’aéroport de Caire (plus de fret ni de bagages non accompagnés sur les vols passagers) ou l’annonce par Emirates Airlines qu’elle va renforcer ses contrôles. Contrairement à KLM qui a interdit les bagages enregistrés au Caire, Air France continue de les accepter mais dit avoir également renforcé ses contrôles. Si officiellement il n’y a toujours aucune explication au crash du vol 7K-9268 à destination de Saint Petersburg, la dislocation de l’appareil en plein vol 23 minutes après son décollage semble de façon quasi-certaine avoir été causée par l’explosion d’une bombe. La piste de la dépressurisation explosive ne tiendrait plus face à l’arrêt instantané des enregistrements des boîtes noires. Quasi-certitude qui a permis au ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond d’appeler à renforcer la sécurité des aéroports, qui doit être « maximale » mais aussi « revue en fonction des risques locaux » et en priorité dans les zones où l’EI est actif (le groupe djihadiste avait revendiqué le crash de Metrojet). Cette quasi-certitude avait été évoquée tout de suite après l’accident par les services de renseignement américains, qui selon des sources anonymes disposaient d’indications que quelque chose de grande ampleur se préparait dans le Sinaï – y compris avant le crash. L’Egypte a d’ailleurs accusé le pays mais aussi la Grande Bretagne de ne pas avoir partagé ces informations. Dans ce dernier pays, le GCHQ disposerait d’informations selon lesquelles des djihadistes « parlant avec des accents de Londres et de Birmingham » pourraient être impliqués dans l’attentat : une information de source anonyme comme tout ce qui concerne l’écrasement de Metrojet. On retiendra aussi que l’affaire de l’avion de Thomson Airways, qui aurait effectué en aout dernier une manœuvre pour éviter un missile, a été officiellement démentie par l’Egypte : elle se livrait alors dans la région à des exercices militaires n’incluant que des tirs sol-sol. Mais elle avait « oublié » de prévenir les compagnies aériennes de ces exercices, aucune NOTAM n’ayant été émise pour le jour en question…