Le gouvernement britannique a reporté de six mois sa décision finale sur le projet de construction d’une troisième piste à l’aéroport londonien d’Heathrow, réclamant une étude supplémentaire sur l’impact environnemental avant de se prononcer.

C’est un projet de 25 ans, décrié par les uns comme le maire de Londres Boris Johnson et plébiscité par les autres notamment le patronat en Grande-Bretagne ou la low cost easyJet. Et la décision finale de le construire ou non, attendra encore six mois... Patrick McLoughlin, ministre des Transports, a expliqué qu’il « était important de prendre la bonne décision qui bénéficiera aux générations futures », et qu’il fallait « faire plus d'études sur l'impact environnemental, qu'il s'agisse de la qualité de l'air, du bruit ou du carbone. »

Ce report signifie qu’il faudra attendre la fin des élections du maire de Londres l’année prochaine pour une décision qui se fait languir. Les acteurs favorables à ce chantier chiffré à près de 25 milliards d’euros (et 120 000 emplois créés), en ont profité pour accuser la Premier ministre britannique David Cameron, dont le parti est divisé sur la question, de sacrifier l’intérêt général à la politique politicienne. Il s’était engagé initialement à donner une réponse avant la fin de cette année, suite à une étude de la Commission Aéroports cet été qui recommandait la construction d’une troisième piste à Heathrow. Favorable au projet, Carolyn Fairbairn, de la Confédération de l'industrie britannique (CBI), l’équivalent du Medef en France, a vivement critiqué cette lenteur, évoquant « un besoin urgent  d'accroître les capacités aéroportuaires pour stimuler les échanges, l'investissement et la création d’emplois ». « On ne doit pas tomber dans le travers de toujours commander de nouvelles études au lieu de prendre les décisions difficiles qui s’imposent », a-t-il ajouté.

La commission Aéroports, composée d’experts indépendants, préconisait également un couvre-feu entre 23h30 et 6h00 pour compenser en partie l’augmentation des nuisances sonores au-dessus d'un quartier densément peuplé. Deux autres alternatives avaient été retenues comme crédibles par la commission : une deuxième piste à Gatwick (que soutient la low cost Ryanair) et l’allongement de la piste Nord à Heathrow. Rappelons aussi que l’actuel maire de Londres Boris Jonhson soutenait une quatrième option, la construction d’un aéroport entièrement neuf dans l’estuaire de la Tamise, mais d’un coût très supérieur (170 milliards d’euros).