Alors que tout se passait jusque là dans un silence tacite, deux syndicats de PNC de la compagnie aérienne Air France ont annoncé leur refus de retourner à la table des négociations. Un préavis de grève a même été déposé pour mercredi à l’aéroport de Papeete. Le report au mois de mai prochain du procès des salariés de la compagnie nationale française impliqués dans les violences du CCE d’octobre, et le licenciement de cinq d’entre eux, n’ont pas calmé les esprits. Un appel à la grève lancé par deux syndicats minoritaires de pilotes d’Air France a eu un impact imperceptible sur le trafic, mais les négociations sur le plan Perform 2020 risquent d’être autrement plus touchées par la décision des syndicats SNPNC et UNSA PNC de ne plus discuter. Dans leur communiqué du 10 décembre, les deux organisations représentant près de la moitié des hôtesses de l’air et de stewards d’Air France dénoncent une direction « campée dans des positions clairement hostiles aux salariés et notamment aux PNC », et qui « n’affiche aucune intention de favoriser le dialogue vers une négociation loyale ». L’intersyndicale PNC rappelle qu’Air France s’était engagée lors de la signature de Transform 2015 à « signer notre Accord Collectif à durée déterminée qui s’applique jusqu’en octobre 2016 », et n’a d’autre choix « légalement, que de respecter son application jusqu’à son terme ». Or aujourd’hui, poursuivent les syndicats, « soit disant pour avoir une vision financière arrêtée, mais surtout pour donner des gages aux actionnaires, les PDG nous forcent la main pour entrer dans une négociation anticipée et signer un accord cadre dès le 1er trimestre 2016 qui définirait des axes de travail et surtout des pistes d’économies et de productivité. C’est uniquement dans ce but que la direction n’hésite pas à mettre une pression accrue sur tous les PNC en dégainant la menace de licenciements ». Ils sont conscients que l’accord collectif « devra être renégocié tôt ou tard, mais il est inacceptable de débuter ces négociations avec une épée de Damoclès, ce qui s’appelle tout simplement du chantage à l’emploi ». Pas question donc de retourner à la table des négociations tant que l’équipe actuelle, accusée d’être « incapable de prendre du recul et qui continue d’instaurer un climat délétère dans l’Entreprise », sera en place : la réunion prévue vendredi a donc été annulée faute de participants. Et l’intersyndicale précise que son retour ne sera pas envisagé avent l’arrivée officielle de Gilles Gateau, directeur de cabiner adjoint du Premier ministre Manuel Valls, au poste de DRH (en remplacement de Xavier Brosetta) « avec la promesse d’un changement de nos interlocuteurs » ; M. Gateau assiste déjà aux réunions en tant qu’observateur. Le ton est à peu près le même à Tahiti, où les syndicats d’Air France dénoncent un climat social « alarmant ». Dans un communiqué du 11 décembre publié par Tahiti Infos, ils affirment n’avoir obtenu « comme toute réponse à leur réclamation qu'une porte close de la part d’une Direction Régionale de Polynésie qui se complait dans le déni ». Et lancent donc un appel à la grève illimité à partir de mercredi 16 décembre à l’aéroport de Papeete-Faa’a, afin de dénoncer « un malaise grandissant mettait en péril la bonne marche de l'entreprise » : depuis deux ans, ils dénoncent des « méthodes managériales ‘par la terreur’, se traduisent par des pressions, des inégalités, de la violence au travail avec abus de sanctions disciplinaires ainsi que des licenciements ». La renégociation de l’accord collectif des PNC arrivant à échéance en octobre 2016 est là encore évoqué, le nouveau texte étant selon les syndicats « nettement mois favorable que celui en cours ». Rappelons que dans le cadre de son Plan B, Air France exige des PNC un effort de productivité et de réduction des coûts de 20 %, soit travailler cent heures de plus par an. En échange de quoi, le sureffectif identifié de 890 PNC (lié au retrait des Airbus A340 et au report de livraison des Boeing 787) serait résorbé uniquement par des départs volontaires. Mille emplois doivent être supprimés au total chez Air France dès l’année prochaine, via un plan de départs volontaires (PDV) ; mais si les syndicats et la direction ne trouvent pas d’accord, 2987 postes sont appelés à disparaitre d’ici fin 2017 (soit 7,1% des effectifs d’Air France).