La compagnie aérienne Etihad Airways s’est vue ordonner par un tribunal allemand de ne plus proposer en partage de code 29 routes opérées cet hiver par Air Berlin au départ d’Allemagne. Elle va faire appel de ce jugement. « Nous continuerons d’honorer tous les itinéraires confirmés », a déclaré le 30 décembre 2015 dans un communiqué la compagnie nationale des Emirats Arabes Unis, un appel contre le jugement de la Cour administrative de Braunschweig devant être déposé la semaine prochaine. Ce jugement s’applique aux vols opérés par Air Berlin entre le 16 janvier et le 27 mars 2016, sur 29 routes dont plusieurs au départ des aéroports de Berlin-Tegel et Stuttgart. La compagnie émiratie, qui détient 29,2% du transporteur allemand membre de l’alliance Oneworld, se dit « profondément déçue par la décision de la Cour Allemande », et affirme que « les dommages sociaux et économiques découlant de cette décision envers l’Allemagne sont conséquents » : elle estime en effet que la suppression de l’approbation des services en partages de codes « réduit de manière substantielle la concurrence et le choix des consommateurs en Allemagne et au-delà, et cause des désagréments pour les passagers ». Etihad Airways affirme vouloir continuer à soutenir sa partenaire « afin de favoriser la concurrence et offrir un produit et une expérience de voyage supérieurs ». Air Berlin de son côté explique regretter cette décision qui n’affectera pas ses clients : « toutes les réservations effectuées précédemment sur des vols en partage de codes seront honorées ». La saga du partage de codes entre les deux compagnies aériennes ne date pas d’hier : le principe avait été approuvé par l’autorité de l’aviation civile allemande LBA régulièrement depuis 2012 (chaque saison doit faire l’objet d’une nouvelle demande), avant un revirement en octobre 2014 : 34 routes avaient alors été refusées, car contrevenant à l’accord aérien bilatéral signé en 1994 entre l’Allemagne et les Emirats Arabes Unis (et révisé en 2000). Cet accord précise que seuls les vols vers et depuis Francfort, Munich, Düsseldorf et Hambourg peuvent faire l’objet d’une desserte avec les avions d’Etihad Airways ou être proposés en partage de codes, ainsi que les vols entre ces quatre aéroports et Berlin, Stuttgart ou Nuremberg. Ce jugement intervenait alors que la compagnie nationale Lufthansa et sa consœur Air France-KLM menaient la charge en Europe contre les compagnies du Golfe, accusées de concurrence déloyale. Lors d’un nouvel examen des autorisations l’automne dernier, la LBA se montrait réticente à renouveler ces partages de codes pour la saison d’hiver 2015-2016, jugeant leur autorisation « contreproductive, nuisant aux emplois allemands, et renforçant les hubs des rivales des compagnies du pays à l’étranger ». Mais Etihad Airways et Air Berlin avaient obtenu in extremis un feu vert temporaire jusqu’au 15 janvier 2016 portant sur 52 liaisons, « afin de ne pas pénaliser les passagers qui ont déjà acheté leurs billets pour les vols concernés » selon le ministère allemand des Transports. C’est cette dernière autorisation qui n’a donc pas été prolongée. Le CEO d’Etihad Airways James Hogan rappelait en octobre que « depuis 2012, notre partenariat de partage de codes a permis à plus de deux millions de passagers de se connecter entre les réseaux des deux compagnies, et a contribué aux 252 millions d'euros de bénéfice d’Air Berlin. Etihad Airways a livré 1.365.487 passagers à Air Berlin, tandis que cette dernière a connecté 645.157 passagers sur les vols opérés par Etihad Airways ». Plus récemment, il rappelait que le partage de codes était « l’une des principales raisons » de son investissement dans Air Berlin.