La compagnie aérienne Air France et trois syndicats ont signé un accord garantissant l’absence de tout départ contraint jusqu’en 2018 pour le personnel au sol. Mais l’intersyndicale dénonce d’autre part un plan de décroissance, estimant en particulier que la diminution de la flotte d’ici 2020 entrainera forcément des suppressions d’emploi. La compagnie nationale française a annoncé le 26 janvier 2016 que trois organisations syndicales représentatives, la CFDT, la CFE-CGC et l'UNSA, représentant plus de 50% des voix du personnel au sol aux dernières élections professionnelles, ont signé l'Accord Triennal de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Métiers et contrat de génération. Air France précise dans un communiqué que cet accord « apporte un ensemble de garanties importantes pour les salariés du sol, concernant l'évolution de l'emploi, l'accompagnement de la mobilité, les changements qui interviennent dans les métiers ». Sa signature va permettre à l'ensemble des salariés au sol de bénéficier jusqu'au 30 juin 2018 d'un « engagement d'absence de tout départ contraint pour motif économique ». Les salariés concernés par des redéploiements collectifs et qui souhaitent poursuivre leur carrière au sein de l'entreprise seront accompagnés dans une mobilité fonctionnelle et/ou géographique. Le dialogue social « peut être constructif au sein d'Air France, comme cet accord important le démontre » : il permet selon la compagnie de l’alliance SkyTeam de trouver « des compromis équilibrés, qui renforcent à la fois la compétitivité de l'entreprise, les garanties apportées aux salariés et la responsabilité sociale dans la gestion de l'emploi ». Un point qui ne semble pas convaincre l’intersyndicale, qui s’est réunie la semaine dernière pour étudier les annonces faites par la Direction d’Air France à l’occasion du CCE extraordinaire du 15 janvier : le communiqué diffusé également hier dénonce « un plan de décroissance dissimulé par un ingénieux plan de communication ». Tout en reconnaissant que « le ton a certes changé », avec l’abandon du plan B, « véritable chantage à l’emploi dénoncé comme tel par les salariés », les syndicats estiment que la nouvelle donne conserve un projet de diminution de la flotte « similaire à celui programmé » lors de l’annonce du plan Perform 2020. Une baisse de cinq avions long-courrier (5%) en 2016 est prévue avant un retour progressif en 2020 à la flotte long-courrier de 2014, « le nombre d’avions total continuant lui, de diminuer » selon eux. Ce que l’intersyndicale appelle une « croissance négative » impliquerait donc logiquement des suppressions d’emplois (1000 déjà actées pour 2016) et n’écarterait en aucun cas les menaces de licenciements ; et elle affirme que les seules voies de développement proposées « passent de fait par un énième plan de délocalisation via KLM ou les filiales Transavia, et la systématisation de la sous-traitance pour certains personnels affectés au sol ou à la maintenance ». Pour les syndicats, les résultats d’Air France, la croissance du transport aérien dans le monde entier, et le faible prix du pétrole sont une « opportunité extraordinaire d’avoir une véritable ambition ». Air France, forte de ses salariés et de son droit social français, « produisant la plus grande richesse au sein du Groupe », ils réclament pour les années futures « une augmentation de la flotte tout entière, de nouveaux investissements, seuls garants de notre avenir, des garanties quant à la maintenance, l’assistance et l’exploitation de cette flotte par des salariés AF ». L’intersyndicale demande l’annulation des sorties de flotte annoncées pour les avions actuels « plus que jamais nécessaires » en l’absence de commandes depuis de trop nombreuses années, et exige l’arrivée des Boeing 787 Dreamliner conformément au calendrier initial. Et elle demande au Gouvernement de faire sa part du travail « en revoyant le millefeuille de taxes et les surcoûts délirants » imposés aux compagnies aériennes françaises, qui poussent à la délocalisation des emplois, avant de prévenir : en l’absence de réaction rapide des dirigeants, elle sera amenée à proposer aux salariés « une série d’actions dans un délai extrêmement court »…