Le syndicat de pilotes SNPL Air France ALPA s’est félicité de voir la compagnie aérienne Air France-KLM présenter des résultats financiers positifs en 2015, mais déplore le maintien du plan de départs volontaires concernant 1600 postes qui va être lancé, et des efforts « nécessaires et urgents » demandés aux salariés. La direction du groupe franco-néerlandais a présenté le 18 février 2016 les résultats pour l’année 2015 et ils « sont excellents, bien meilleurs qu’attendus par les plus optimistes des analystes », rappelle le bureau Air France du Syndicat National des Pilotes de Ligne dans un communiqué publié lundi. Le SNPL « se félicite de voir l’entreprise et le Groupe revenir dans le vert, à tous les niveaux » : 816 millions d’euros de bénéfices (contre une perte de 129 millions en 2014), 118 millions d’euros de bénéfices nets (une première depuis 2008), un chiffre d’affaires en progression de 4,6 % et nettement au-dessus des attentes, et une dette qui a diminué de plus d’un milliard d’euros. Et il cite le PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac, qui annonçait dans une interview au Figaro que « la situation d'Air France-KLM n'est plus préoccupante », grâce aux « mesures déployées dans le cadre du plan Transform 2015 » et à la faiblesse du prix du carburant. Mais ce n’est que pour mieux contester cette « analyse restrictive et erronée ». Le Groupe aurait selon le SNPL pu économiser environ un milliard en kérosène, mais « une fois soustraits les impacts des couvertures mises en place avant la chute des cours, il n'est plus resté qu'un gain de 450 millions d'euros », « des choix stratégiques qui posent question » au syndicat. Côté emploi, le SNPL explique qu’Alexandre de Juniac a « étonnamment » ajouté que des efforts de la part des salariés sont toujours « nécessaires et urgents », et que le plan de départs volontaires concernant 1600 postes (annoncé en janvier) va être lancé prochainement. Le syndicat de pilotes veut donc « dénoncer cette schizophrénie perpétuelle » de la Direction et s'inquiète, une nouvelle fois, de voir l’entreprise « s’échiner à ramer à contre-courant ». C’est une spécialité d’Air France d’être en “opposition de phase”, accuse le SPNPL : « on demande des efforts aux salariés quand on gagne de l’argent ; on réduit la voilure dans un marché en croissance de plus de 5 % ; on fait la guerre aux pilotes quand TOUTES les compagnies “majors” peinent à recruter des pilotes expérimentés, à tel point qu’elles viennent les chercher chez leurs concurrents ». Les salariés du Groupe, « et les pilotes notamment », ont à de nombreuses reprises montré leur bonne volonté et leur disposition à faire des efforts pour sauver leur entreprise, rappelle encore le syndicat ; ils poursuivent aujourd’hui les discussions pour aider Air France et ses filiales à se développer et à gagner de nouveaux marchés. Mais l’avenir « n’est pas, et ne sera jamais, le “plan de croissance” soi-disant “ambitieux“ que l’on nous a présenté il y a quelques semaines. Revenir en 2020 à la situation de 2014, retirer des avions de la flotte ou les transférer sur une base Transavia à Munich, ce n’est pas de la croissance. C’est de la délocalisation. De même, rembourser la dette plutôt que d’investir en période de croissance du secteur est une stratégie de comptable qui n’a rien d’une vision industrielle et commerciale porteuse d’avenir ». Les excellents résultats de 2015 et leur tendance globale à la hausse devraient permettre au Groupe, à notre compagnie et à ses employés « d’envisager l’avenir plus sereinement », conclut le SNPL, à condition que notre Direction « s’autorise à sortir le nez de ses lignes de comptes et regarde comment travaillent et investissent nos concurrents ». Dans ce cas, les pilotes seront à ses côtés pour travailler à l’avenir d’Air France.