La DGAC a demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols ce jeudi de 20% pour l’aéroport de Paris-Orly et d’un tiers pour l’aéroport de Marseille, en raison de la grève menée par le syndicat USAC-CGT des contrôleurs aériens. L’ensemble du secteur crie son indignation devant ce deuxième mouvement social en autant de semaines. Dans le cadre de la journée d’action nationale interprofessionnelle contre la loi Travail de ce 31 mars 2016, la direction générale de l’Aviation civile (DGAC) prévient que la participation d’une partie des contrôleurs aériens entrainera des perturbations sur l’ensemble du territoire, y compris pour les vols traversant l’espace aérien, même si seuls les deux aéroports d’Orly et Marseille-Provence seront très affectés. Elle invite donc tous les passagers à s’informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l’état de leur vol. La grève à débuté hier soir et s’achèvera demain matin. Air France assurera jeudi à Orly tous ses vols long-courriers, et 80% des vols intérieurs et régionaux (l’aéroport Charles de Gaulle n’est pas affecté). Sa filiale régionale HOP! a précisé les vols annulés ce jour en raison de la grève : entre Orly et Agen, Perpignan ou Montpellier, et entre Marseille et Brest, Bordeaux, Lyon, Nantes, Lille ou Toulouse (l’immense majorité de ses annulations de ce jour sont vers et depuis Bruxelles, toujours fermé après les attentats du 22 mars). La low cost Ryanair affiche 91 annulations de vol aujourd’hui, dont 12 à Marseille, 7 à Beauvais, 6 à Nantes, 4 à Carcassonne, Lille et Limoges, 2 à Nîmes, Brest, La Rochelle et Perpignan – mais aussi des rotations par exemple entre Barcelone et Bologne ou entre Oslo et Palma de Majorque qui empruntent l’espace aérien hexagonal. Pas de liste d’annulations pour easyJet, mais des excuses et comme pour les autres compagnies aériennes l’assurance qu’elle met tout en œuvre pour réduire au minimum l’impact de la grève sur ses clients. Volotea affiche dix rotations annulées à Marseille, Strasbourg, Nice, Nantes, Montpellier et Biarritz, Aigle Azur a supprimé deux rotations entre Orly et Alger et Annaba ; Transavia France ne prévoit aucune annulation, mais annonce des retards à Orly. Cette deuxième grève du contrôle aérien français en moins de 10 jours et quatrième depuis le début de l’année a provoqué sans surprise l’indignation du secteur : le BAR France (Board of Airlines Representatives in France), la FNAM (Fédération Nationale de l’Aviation Civile Marchande), le Scara (Syndicat des compagnies aériennes autonomes) et l’UAF (Union des Aéroports Français) qui représentent l’ensemble du transport aérien en France dénoncent dans un communiqué commun « cette énième grève, qui pénalise aussi bien les passagers que les entreprises et entraîne une grave perte financière pour les compagnies aériennes, les aéroports, pour le tourisme et pour l’économie en général ». Les associations soulignent que ces grèves « portent à nouveau un coup à l’économie des territoires qu’elles desservent », et rappellent que le budget de l’aviation civile est financé en intégralité par les taxes et redevances payées par les compagnies aériennes et leurs clients. A l’étranger, c’est le président du groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling et Aer Lingus) Willie Walsh qui résume le sentiment dominant : « en organisant cette grève cyniquement durant les vacances de Pâques, (les contrôleurs aériens français) causent de nombreux désagréments pour les passagers et il est difficile de proposer de nouvelles réservations alors que les vols existants sont pleins ». A4E (Airlines for Europe), association regroupant entre autres les groupes Air France-KLM, Lufthansa, IAG et les low cost easyJet, Ryanair et Norwegian, exige de nouveau des limitations au droit de grève des contrôleurs aériens. Rappelons que le principal syndicat de la DGAC, l’USAC-CGT, a justifié sa grève par le fait que les suppressions d'emplois dans la Fonction publique en général et à la DGAC en particulier « ont atteint un seuil dangereux. Nombre de services et personnels ont fait des efforts considérables ces dernières années pour absorber le manque de recrutements, et cela quels que soient les corps et les services. Ces baisses n'ont aucun sens économique, et l'appel aux externalisations est souvent synonyme de moindre qualité du service rendu et d'augmentation des dépenses. Elles ne sont qu'idéologiques, faisant écho à un monde de plus en plus replié sur lui, et où les missions de l’État seraient cantonnées à des secteurs prioritaires, le reste étant abandonné à la logique marchande de l'entreprise ». Le reste de ses revendications plus générales se résume à un appel au retrait de la loi El Khomri.