Le cabinet de conseil en stratégie A.T. Kearney publie une analyse du secteur aérien dédié à la compétition qui fait rage entre compagnies low cost et compagnies aériennes historiques. Les compagnies historiques peuvent-elles encore résister face aux low cost ? C'est la question que se posent tous les acteurs de l'aérien, et les analystes d'A.T. Kearney tentent d'y répondre. L'étude fait d'abord un point sur la place des low lost dans le transport aérien d'aujourd'hui : elles ont un positionnement sur les court et moyen-courriers et occupent 25% de l’ensemble du trafic aérien mondial (41% du trafic aérien européen) avec des coûts d'exploitation inférieurs de 30% à ceux des compagnies historiques. Pour A.T. Kearney, le prochain enjeu stratégique porte sur le long-courrier. Les low cost se positionnent petit à petit sur des routes majeures reliant l’Europe à des villes comme New-York, Singapour ou Shangaï. En Europe, Norwegian Shuttle offre déjà des vols vers les Etats-Unis ou l’Asie. Les coûts d'exploitation sont cette fois 20% inférieurs pour les compagnies low cost, leur procurant un avantage prix toujours plus attractif. La menace est donc déjà réelle pour les compagnies historiques. Comment les compagnies historiques peuvent-elles l’emporter sur le long-courrier ? Ce succès dépend de cinq facteurs clés : 1- Se différencier par le produit et l’expérience client : la tendance est grande de vouloir s’aligner à l’économie sur les compagnies à bas coûts mais les compagnies historiques auraient au contraire tout intérêt à marquer leur différences. Par ailleurs, la masse de data et les programmes de fidélité dont disposent les compagnies aériennes historiques constituent de précieuses sources d’informations pour offrir à leurs passagers les services les plus adaptées. 2- Développer l’analytics pour optimiser les coûts et le revenue management : afin de déterminer les routes et l’équilibre des classes voyageurs optimum pour leur rentabilité, il est crucial d’analyser finement l’utilisation de l’espace dans l’appareil et les coûts/cabine pour pouvoir les adapter en fonction. L’analyse siège kilomètre offert (SKO) n’est pas suffisante. Il faut développer l’analyse valeur/m2 kilomètre occupé. 3- Transformer le modèle opérationnel 3 étapes essentielles : déployer des process lean sur toute la chaîne de valeur (importance des benchmarks en amont); optimiser les achats (jusqu’à 15% d’économie possible); et impliquer les salariés dans la transformation (fort besoin d’adhésion pour réussir la transformation). 4- Développer les filiales low cost (comme Vueling, Transavia ou Eurowings) et accepter la compétition interne. 5- Défendre les vols court et moyen-courriers : ces vols sont un élément stratégique pour l’équilibre économique de leurs réseaux. En effet, les compagnies historiques assurent de 30 à 60% du taux d’occupation de leurs long-courriers grâce au préacheminement des passagers via les court et moyen-courriers. « La bataille du long-courrier se gagnera sur les vols courts et moyen-courriers. Les compagnies aériennes historiques doivent dans le même temps transformer leurs modes de fonctionnement et développer une réelle plus-value à chaque étape de l’expérience client. Leur challenge est de parvenir à se réinventer sans perdre leur ADN. Elles en ont les moyens », conclut Hugo Azerad, directeur au cabinet A.T. Kearney et spécialiste de l’industrie aérienne L’analyse complète est disponible ici (en anglais)