Après l’impasse dans laquelle se sont terminées mercredi les négociations avec les pilotes sur les gains de productivité, la direction de la compagnie aérienne Air France présentera d’ici la fin de la semaine une « ultime proposition d’accord » à leurs syndicats. Le SNPL annonce déjà qu’il y a peu de chances que cela donne des résultats. La dernière réunion de négociations entre la direction et les représentants des pilotes de la compagnie nationale française s’est achevée le 6 avril 2016 sur un constat de désaccord, l’annonce du départ du PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac n’ayant rien changé. Aucune nouvelle date n’a été fixée, et les positions des deux parties restent « très éloignées sur plusieurs points ». Le Directeur des Ressources Humaines Gilles Gateau a donc annoncé dans la soirée qu’une nouvelle version de l'accord sera transmise aux syndicats de pilotes en fin de semaine « avec les éléments de la discussion d'aujourd'hui, afin d'aller aussi loin qu'il est possible d'aller dans le sens d'un accord » ; il appartiendra à chaque organisation représentative de se prononcer « sur cette ultime proposition ». Il explique dans Le Figaro avoir entre autres suggéré de faire appel à un groupe d'experts bipartisan, « voire à un expert indépendant désigné par les syndicats de pilotes, afin de discuter sur la réalité économique des propositions de mesures » - une suggestion rejetée par les syndicats. D’autres sources évoquent un refus des pilotes de modifier leur système de rémunération pour réduire le coût des heures supplémentaires – ce que le SNPL apparente à une baisse de salaire inacceptable ; mais le syndicat mentionne de nombreux autres points d’achoppement. Le porte-parole du SNPL Emmanuel Mistrali a réagi, expliquant dans le quotidien qu’il s’agit bien d’une « ultime proposition en effet, après celles qui se sont éloignées chaque fois davantage d'une possible entente, puisqu'il semble soudain qu'il y ait bien une échéance temporelle ». Il ajoute que maintenir de tels principes de négociations laisse « peu de chance que cela donne un résultat ». Sur le fonds, il accuse aussi le groupe de privilégier les pilotes de KLM aux dépens de ceux d’Air France alors que l’accord encadrant le partage des activités entre les deux compagnies vient d’arriver à échéance (le groupe conteste cette accusation), Les syndicats de pilotes étaient arrivés mi-mars à la table de négociations sur les efforts de compétitivité dans un état d’esprit plutôt apaisé, les discussions étant même prolongées de deux jours. Le SPNL expliquait alors qu’il était prêt à accepter des efforts de flexibilité ou des « augmentations de productivité », mais dans un tract diffusé auprès de ses adhérents lundi il se dit opposé à toute concession sur les salaires. Air France promettait de son côté de nouvelles embauches de pilotes, une réforme de leur carrière et un coup d’arrêt à la réduction des vols prévue cette année. En jeu, le Plan B devant accélérer le redressement dans le cadre de Perform 2020, qui devait être de nouveau rogné. Prévoyant initialement une réduction d’activité avec fermetures ou réductions de lignes, diminution de la flotte et jusqu’à 2900 suppressions de postes avec des licenciements secs en 2016 et 2017, il avait déjà été réduit en février : le PDV ne prévoyait plus que 1600 départs volontaires d’ici fin 2016, au sol et chez les PNC – les pilotes n’étant pas concernés. Pour les PNC, rappelons que la renégociation de l'accord collectif des hôtesses de l’air et stewards d’Air France, qui arrive à échéance fin octobre, devrait débuter en mai ou juin prochain.