A court de liquidités, la compagnie aérienne Kenya Airways a annoncé être prête à détacher certains pilotes chez sa rivale Ethiopian Airlines, faute de pouvoir les utiliser. Selon le quotidien The Nation du 9 avril 2016, la compagnie nationale kenyane a envoyé une circulaire aux pilotes de ses Boeing 777-200ER leur demandant de se porter candidat à un transfert temporaire vers la rivale éthiopienne. « Comme vous le savez nous faisons face à des difficultés financières, d’où le besoin de Kenya Airways de trouver des alternatives pour vous utiliser », écrit dans cette circulaire la DRH par interim Murage Latiffa Cherono, qui précise que les commandants de bord ont jusqu’à demain mardi pour signer. « Notre but est de vous permettre de continuer à utiliser votre expérience et votre talent qui nous sont si chers ». Le salaire net négocié pour ceux qui acceptent de passer chez Ethiopian Airlines serait le même que l’actuel. Le contrat dure trois ans, avec option de revenir travailler chez Kenya Airways si sa restructuration réussit ; elle continuera à payer ces pilotes – après avoir envoyé la facture à Ethiopian Airlines. Au moins 21 commandants de bord et 18 copilotes auraient déjà reçu la lettre (aucun n’aurait accepté) selon le quotidien qui cite le syndicat KALPA pour qui 31 autres pilotes seront envoyés chez Ethiopian Airlines ; ce syndicat se dit prêt à aller en justice pour bloquer le déplacement. Et ne croit pas à la promesse que les pilotes revenant chez Kenya Airways jouiront de la même ancienneté que s’ils étaient restés. Cloués au sol depuis de nombreux mois, les pilotes accusent la compagnie d’avoir trouvé cette solution uniquement pour éviter de payer des indemnités de licenciements qui s’annoncent très élevées, ou au choix pour les empêcher de partir vers les compagnies du Golfe qui paient bien mieux (ce que certains auraient déjà fait).. Après avoir dévoilé la plus grande perte dans l'histoire des entreprises du pays avec 294,3 millions de dollars durant son dernier exercice fiscal clos en mars 2015, la compagnie de l’alliance SkyTeam a annoncé le mois dernier son intention de supprimer 600 postes (dont les pilotes) et de réduire drastiquement sa flotte. Les quatre 777-200ER sont à vendre (deux au moins ont déjà trouvé acquéreur, Omni), tandis que trois 777-300ER pris en leasing devraient être sous-loués ; ses 787-8 Dreamliner sont également pris en leasing, mais ne sont pas concernés par l’opération. Son manque de liquidité serait tel qu’un vol partant de Londres le mois dernier a été retardé de deux heures, le temps de payer le carburant ; plusieurs plateformes africaines n’accepteraient plus que des paiements en liquide pour le ravitaillement des avions de Kenya Airways.