La compagnie aérienne Air France a transmis aux syndicats de pilotes son projet d’accord final sur la productivité, demandant des heures de vol supplémentaires contre la promesse de croissance et d’embauches. Un mois après le début des négociations officielles, le SNPL Air France ALPA et le SPAF ont reçu le 10 avril 2016 les dernières et a priori ultimes propositions de la compagnie nationale française. Air France demande aux pilotes d’accepter d’ici 2020 une hausse de 5% à 10% du nombre d’heures de vol effectuées selon le type d’avion sans augmentation de salaire, via la modification de multiples règles dont selon Les Echos la modification des règles de repos au calcul du temps de vol rémunéré, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, les primes de fin d’année ou la possibilité de prendre un congés sans solde. Avec pour objectif la baisse du coût horaire, mais aussi une plus grande flexibilité sur le court- et moyen-courrier pour « mieux coller à la saisonnalité ». Le Directeur des ressources humaines Gilles Gateau a souligné hier que cette offre n’entrainera pas de baisse de revenu quelque soit la catégorie des pilotes, la hausse des heures de vol devant compenser la baisse du salaire horaire : ce revenu devrait même être en hausse « par rapport à la rémunération moyenne de 2014 (hors grève) et de 2015 ». En contrepartie, Air France promet tout d’abord d’embaucher d’ici 2020 « plus de 600 nouveaux pilotes » dont 50 cette année, pour elle-même et pour la low cost Transavia France. Ils seraient donc « plus de 3900 » dans l’entreprise en 2020 contre 3680 à la mi-2016 (compte tenu des départs prévus), la liste de séniorité permettant à « 60% d’entre eux » de bénéficier d’un avancement. Un retour à la croissance sur le long-courrier est également promis, avec chaque année l’ouverture d’une ou deux nouvelles liaisons et la réception de deux nouveaux avions (dont les Boeing 787-9 Dreamliner dès l’année prochaine). Des concessions en particulier au SNPL sont également mises en avant, dont la répartition de l’activité entre Air France et KLM qui devrait être « rééquilibrée » au profit de la compagnie françaises, ou la remise à plus tard des négociations autour de Transavia France. Il faut « savoir concrétiser le dialogue social à travers une solution de compromis » selon le DRH Gilles Gateau, pour permettre à Air France de retrouver une croissance rentable - même si on reste loin des 17% de gains de productivité demandés par Perform 2020 (sans compter de qui n'a pas été fait par les pilotes dans Transform 2015). La direction attend une réponse des syndicats d’ici le 2 mai. Le SNPL majoritaire tient bien sûr la clé de tout accord, et avait parlé de baisse de salaire inacceptable dès la fin des négociations la semaine dernière. Son président Philippe Evain a réagi hier sur la même ligne dans Le Parisien : « nous n’avons pas été surpris. Cela ressemble beaucoup aux projets déjà reçus. Il n’y a pas de réelles nouveautés ». Le syndicat avait déjà rejeté en 2015 la proposition de 100 heures de vol supplémentaires par an à rémunération égale, déclenchant le Plan B devant accélérer le redressement dans le cadre de Perform 2020. En cas de nouvelle impasse avec les syndicats de pilotes, la possibilité d’organiser un référendum est laissée par le PDG Frédéric Gagey à la responsabilité du SNPL. Rappelons que les syndicats de PNC, avec qui les négociations vont commencer, ont déjà prévenu qu'aucune concession ne sera acceptée si les pilotes n'en font pas de leur côté.