Le Département des Transports américain a donné son approbation provisoire vendredi à Norwegian Air International (NAI) de voler vers les Etats-Unis, une décision à laquelle s’étaient farouchement opposés les compagnies américaines et leurs syndicats.

C’est sans conteste une belle victoire pour Norwegian Air Shuttle, la low cost norvégienne qui compte bien développer son réseau transatlantique tout en cassant les prix (179 euros l’aller Paris-New York). NAI, la société mère de Norwegian qui a commencé sa carrière de transporteur low cost avec des vols intra-européens, a en effet élargi son réseau ces dernières années aux États-Unis. Mais l'organisation de sa filiale comme transporteur irlandais embauchant des pilotes asiatiques a soulevé des inquiétudes concernant la sécurité et les conditions de travail chez ses rivaux américains, qui ont officiellement demandé en décembre 2013 au ministère concerné de rejeter cette compagnie aérienne.

Ce que n'a pas suivi le Département des Transports (DoT) américain deux ans après. L’annonce en date du 15 avril 2016 du  DoT indique ainsi que NAI « semble répondre aux normes en vigueur établis par le DOT concernant l'attribution d'un permis et ... qu’il n'y a pas de base légale pour le lui refuser ».

Norwegian a officiellement salué cette décision, indiquant qu’elle continuera d’embaucher des centaines de membres d’équipage américains. Rappelons que sa flotte aujourd’hui de 100 Boeing 737-800 et de  10 787 Dreamliner s’étoffera à terme de 230 moyen-courriers (dont 100 A320neo et 100 737 MAX) et de 30 autres Dreamliner.

NAI possède un certificat d'exploitant aérien irlandais et a demandé le 2 décembre 2013, un permis de transporteur aérien étranger pour desservir les États-Unis. Plusieurs transporteurs américains et européens se sont opposés à la demande de NAI, dont American Airlines, Delta Air Lines, Lufthansa, SAS et United Airlines. La date limite pour des objections à cette autorisation est le 6 mai, alors que les réponses doivent être rendues avant le 13 mai.

« Une approbation finale sur la base de l'accord de ciel ouvert entre les États-Unis et l’Union européenne sera gagnant-gagnant pour les consommateurs et l'économie des deux côtés de l'Atlantique», a commenté Bjorn Kjos, PDG du groupe norvégien. Les trois grandes compagnies aériennes américaines - American, Delta et United - ont fait valoir de leur côté que la proposition encouragera ceux qui veulent se soustraire à la protection des conditions de travail pour obtenir un avantage concurrentiel, ce qui n’est pas dans l'intérêt public.

L'Air Line Pilots Association (ALPA), un syndicat représentant 52 000 pilotes aux Etats-Unis, rétorque de son côté que la décision du DoT illustre de « graves lacunes » dans la politique menée en aviation commerciale. « Le DoT propose de permettre à une compagnie aérienne étrangère de rivaliser directement avec les compagnies aériennes américaines sur les routes internationales long-courriers avec des avantages économiques injustes », a fustigé son président Tim Canoll.