La compagnie aérienne low cost Ryanair va tester cet été à Londres-Stansted et Barcelone un transfert de bagages pour les passagers en correspondance. En cas de succès, le principe pourrait être appliqué aux voyageurs d’autres compagnies. Interrogé dans le quotidien Irish Telegraph du 14 avril 2016, le CEO de la spécialiste irlandaise du vol pas cher Michael O’Leary précise qu’en cas de succès à Stansted et El Prat, ces essais seront étendus à d’autres aéroports. Les passagers pourraient ainsi ne pas avoir à franchir les contrôles douaniers en cas de correspondance, et réserver des vols « complexes » et non point-à-point : « si vous êtes par exemple à Glasgow ou Edimbourg où il n’y a pas de routes directe vers Poznan, le site vous indiquera que vous pourrez y aller via Stansted avec une seule escale ». Le patron de Ryanair ajoute que le temps d’escale à Londres « pourrait être de deux heures », et que le processus ne sera « pas difficile ». Mais il reconnait que la principale difficulté sera de ne « pas perdre des tas de bagages » pendant leur transfert. La période d’essais va durer de trois à six mois, permettant également de jauger la demande pour ces vols avec escale ; il ne s’agit d’ailleurs « ni de remplacer les passagers en point-à-point, ni d’augmenter notre coefficient d’occupation », ajoute-t-il. Si tout se passe bien entre ses propres vols, la low cost ne voit pas pourquoi le principe ne pourrait pas être étendu à d’autres compagnies aériennes. Michael O’Leary a depuis longtemps affiché son ambition d’alimenter les réseaux long-courrier d’autres transporteurs comme le groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus), Virgin Atlantic ou TAP Portugal, voire à plus long terme Air France-KLM ou Lufthansa : une perspective « inévitable » selon lui, rappelant que la low cost Vueling le fait déjà avec British Airways à Barcelone. Le CEO se dit d’ailleurs certain que Vueling finira par remplacer en partie BA à Gatwick ; en Irlande, il voit bien Ryanair alimenter les lignes long-courrier d’Aer Lingus. Annoncés sans date précise de lancement, ces essais ressemblant aux accords interlignes courants dans l’aviation sont une évolution de plus prévue par Ryanair cette année, la troisième de son programme « Always Getting Better » (AGB). Parmi les améliorations annoncées des services, on retiendra un tarif Loisirs PLUS incluant les sièges réservés, l’embarquement prioritaire et 20kg de bagage, un service Business PLUS amélioré avec des billets flexibles, davantage d’aéroports offrant la fast-track et l’enregistrement automatique, un site dédié aux Groupes, permettant aux groupes de faire et gérer leurs propres réservations ou le Club ‘My Ryanair’ (réductions, 24 heures d’accès prioritaire aux ventes spéciales). "En annonçant le transfert de bagages pour les passagers en correspondance, Ryanair va marquer les esprits. Sur le papier, cette compagnie est la plus apte à réorganiser le jeu sur les longs courriers en classe économique. Ryanair pourrait donner à des compagnies secondaires, n'ayant pas de pré-acheminement efficace, l'occasion d'aller ratisser le marché captif des grandes compagnies nationales", analyse Fabrice Dariot qui dirige le site de vente de billets Bourse des vols. "Dans les faits, c'est d'une grande complexité technique, il faut atterrir sur les bonnes plateformes aéroportuaires et de surcroit, il convient d'avoir une culture du partage et de la coopération pour mener à bien cette opération. Une gageure pour Ryanair…"